• Sans vouloir pasticher le regretté COLUCHE sur les excédents vinicoles, il faut bien reconnaître qu'avec Gérard... le rire était obligatoire ! Que de mimiques suggestives, que de facéties... le public en redemandait. Cette photo de LIFE prise lors de la tournée américaine des COMPAGNONS DE LA CHANSON aux Etats-Unis en 1952 est là pour le démontrer.
    Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cette prestation de comique troupier. Elle se trouvera confortée en 1956 au moment du départ vers d'autres cieux de Jean ALBERT dit le "P'tit rouquin" car il importait que le groupe trouve un nouveau boute-en-train.
    Il suffit d'évoquer le talent de comique de Gérard pour le voir interpréter aux côtés de ses amis Perrine était servante avec ses grimaces irrésistibles, les Jumelles de marine ou la Costa Brava avec son tuba. Haut de cinq pieds six pouces, s’il est arrivé dans le groupe du Chef Louis quasiment en culottes courtes, c’est parce qu’il entendait de la fenêtre de l’appartement familial le bruit des répétitions à la Villa du Point du Jour. Il n’en fallait pas plus pour que Gérard SABBAT, Lyonnais d’origine, né le 26 septembre 1926, ait eu envie d’aller voir ce qui se passait chez les COMPAGNONS DE LA MUSIQUE, au 10 du chemin de Champvert ! Alors qu’en passionné de théâtre, il se destinait à la prêtrise au terme de deux années de séminaire ! Allez comprendre ! Celui qui deviendra quelques années plus tard avec ses airs de comique troupier averti l’amuseur attitré des COMPAGNONS DE LA CHANSON avec ses grimaces et ses bons mots sera d’abord versé dans une seconde équipe LIEBARD avec la future Madame LANCELOT, Mireille COUTELEN. Mais, en février 1946, lorsqu’il s’agira de franchir le pas, il n’aura pas besoin de réfléchir très longtemps avant de rejoindre les autres frondeurs ! Ce qui lui sera du reste reproché par LIEBARD qui s’appuiera sur le fait que Gérard n’avait pas la majorité au moment de l’opération et qu’il s’agissait donc… de détournement de mineur ! Un épisode qui vaudra un échange de correspondance entre Louis LIEBARD et le père de Gérard, l'un se plaignant à l'autre, du fait que Gérard soit trop facilement... influençable !

    Boute-en-train, on le revoit encore répondre avec malice à Guy LUX dans un célèbre numéro de l'émission SI CA VOUS CHANTE et se voir promettre une paire de bretelles par le maître de cérémonie alors qu'il ne reconnaissait aucune introduction musicale des titres des Compagnons interprétés par le Grand Orchestre de Raymond LEFEVRE.
    Pourtant, ce comique de haut-vol, passionné de chevaux et trésorier de l'ensemble, savait être sérieux à ses heures et même touchant à l'extrême. Il suffit pour s'en convaincre de lire un extrait de sa lettre à Hubert LANCELOT écrite juste après la séparation des Compagnons et extraite du Nous les Compagnons de la Chanson du même Hubert : « Mes Compagnons, vous me manquez, et je vous écris car en ce moment j'ai besoin de vous. Je ne veux pas de réponse, mais j'ai besoin de vous moralement, de votre présence invisible, des fils qui se sont tissés entre nous malgré les heurts ou les désaccords, bien dérisoires aujourd'hui. Ce que je viens chercher auprès de vous, c'est cette chose impalpable qui nous a unis tous, depuis quarante ans. Et je ressens mieux maintenant cette richesse qui a été la nôtre et que nous avons gagnée au fil des ans sans nous en aperce-voir... »
    Uniquement remplacé durant son service militaire par Mario HIRLE, on peut dire que notre Gérard aura fait partie du groupe de ses origines en février 1946 à la fin, en février 1985 ! En tout cas, ce qui est sûr, c'est que Gérard qui vient de se marier avec Mireille qui lui a donné une petite Marie, est resté l'une des figures préférées des admirateurs des COMPAGNONS DE LA CHANSON ! L'accueil que les Lyonnais (photo ci-dessous) et les Crangevriens lui ont réservé lors de ses apparitions à nos dédicaces fin 2007 et fin 2008 le prouvent !
    Dommage que ses apparitions trop comptées en qualité d'acteur au début des années quatre-vingt dix n'aient pas trouvé plus de succès car l'homme aurait pu envisager une deuxième carrière ! Gérard est hélas décédé en février 2013, juste quelques semaines avant Jean-Louis JAUBERT.



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  • Un bien joli hommage que rendait là Jean MACABIES aux COMPAGNONS DE LA CHANSON au moment où ils s'apprêtaient à refaire un tour de piste à BOBINO ! Sans aucun doute l'un des meilleurs papiers qu'il nous ait été donné de lire dans la presse consacrée au music-hall ! Il faut dire qu'en ce mois de décembre 1973, nous étions encore en pleine "Compagnomania".
    Tout y est : une parfaite description des gags scéniques, l'aspect sociologique et un couplet autour de la gloire immortelle de nos aïeux. Celle qui sera à jamais attachée au nom des COMPAGNONS. Un véritable régal. Quand Jean MACABIES évoque l'ombre de PIAF et un feu de camp allumé depuis trente ans, on est d'un seul coup transporté en 1943. Avant, la ligne d'après, d'être ramené à la réalité avec GASTON et son homme-orchestre !
    S'il y avait à conserver quatre ou cinq articles parmi ceux dont on parlerait à loisir, celui-là y aurait sa place, foi d'admirateur ! Merci Jean MACABIES, merci beaucoup, au nom de la cause !


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  • Celui que l'on voit ci-dessus avec quelques autres célébrités, dont Thierry LE LURON, sans doute au moment d'un passage dans l'émission MIDI MAGAZINE à laquelle il participait régulièrement aux côtés de l'animatrice Danielle GILBERT, est le dernier des COMPAGNONS DE LA CHANSON à avoir intégré l'ensemble.
    Wattrelosien d'origine et né en 1931, Michel CASSEZ était leur benjamin. D'abord clarinettiste chez BECAUD après avoir tout de même obtenu un prix de clarinette et de solfège au Conservatoire de Paris, il n'a plus cessé ensuite d'occuper les premiers rôles. Talentueux musicien de Claude FRANCOIS et issu de l’orchestre Louis FROSIO de Monte Carlo dont il était le complice et le saxophoniste solo vedette, issu du grand orchestre Paul MAURIAT, il est devenu l’amuseur qui, multipliant les sketches et se produisant en solo, était surtout repéré pour ses gaffes et autres pitreries. C'est d'ailleurs en évoquant ses gaffes que Claude FRANCOIS l'avait surnommé GASTON dixit "La gaffe". Un surnom qui lui restera jusqu'à en devenir celui que l'on retient de celui qu'il savait être au sein des COMPAGNONS DE LA CHANSON. Il participera d'ailleurs à l'éclosion du vedettariat de Claude FRANCOIS en l'accompagnant en 1963 lors de son deuxième passage à l'Olympia.
    L'homme est tout à fait capable de jouer une vingtaine d'instruments et d'interpréter à trois clarinettes à la fois Le vol du bourdon. Il était aussi capable au temps des COMPAGNONS de truquer ses instruments pour élargir un peu plus la gamme, dans tous les sens du terme ! Son luth devenait à l'occasion une raquette de tennis et son énorme tuba pouvait renfermer un téléphone ou autre chose... Que de créativité !  
    Côtoyant Jean BROUSSOLLE, le parolier prolifique des COMPAGNONS DE LA CHANSON à qui des décennies de scène pesaient, et dont le plus cher désir était de retrouver ses chevaux en Camargue, c'est au cours d'un Grand Echiquier de Jacques CHANCEL que s'opérera la passation de pouvoir entre l'ami Jean et Michel CASSEZ. Pour ce faire, Jean avait choisi d'interpréter Le coeur en fête et Gaston La chanson pour Anna. Ce soir de décembre, le remplaçant fut trouvé. Un moment homérique de télévision grâce à Jacques CHANCEL et au talent du réalisateur qui laisse néanmoins perplexe car, ce soir-là, contrairement à l'interprétation, il n'était pas sûr que Jean BROUSSOLLE avait "le coeur en fête" ! Surtout après avoir connu ce qu'il avait connu avec ses amis les COMPAGNONS DE LA CHANSON.
    Ce qui est sûr, c'est que l'entente de GASTON avec Jean-Pierre CALVET lui aura même permis de réaliser un enregistrement 33 tours sous l'appellation des QUAD ROCKERS (dont la couverture est reproduite ci-dessous). Un travail réalisé en Angleterre avec notre baladin, en dehors de leurs activités chez les COMPAGNONS, avec l'appoint, à leurs côtés, des meilleurs musiciens anglais du moment. Les deux compères devenus très complices partageaient d'ailleurs le même véhicule pour se rendre d'un point à un autre lors des tournées.
    GASTON s'est réalisé en entrant chez les COMPAGNONS ! Pas seulement grâce à sa complicité avec Jean-Pierre CALVET. Pourtant on a dit qu'ils étaient passés avec lui de l'austérité à la fantaisie ! Nous n'extrapolerons pas, persuadés que chacun au fil des époques différentes aura apporté sa pierre à l'édifice et quel édifice ! Ce que l'on doit cependant retenir, c'est que c'est sans doute grâce à cette faculté de s'adapter si l'ensemble a pu durer dans le temps et passer au travers du filet d'une mode dévoreuse de talent qui en a brisé quelques-uns.
    Gaston Michel CASSEZ aura finalement partagé treize ans de succès au sein des COMPAGNONS DE LA CHANSON avant la tournée d’adieux entreprise dans le monde entier. Précisons que l'homme aux caniches, auquel ses futurs partenaires avaient demandé de sacrifier sa moustache en 1972 avant de les rejoindre, a co-signé certains des titres interprétés par le groupe comme : La mouche, On se quitte, On a déjà vu ça.
    En 1985, il a consacré un ouvrage à son passage chez les COMPAGNONS en publiant chez Michel LAFON un « Gaston raconte les Compagnons » dans lequel il revient sur cette collaboration. Un titre qui est malheureusement épuisé. Non, ça n'est pas un adieu, écrit-il à un moment donné évoquant cette promesse faite dans le cadre d'une chanson, il restera les disques, les cassettes, les bandes archives de la télé. Il restera... Ils étaient là illusionnistes à nous mentir derrière un refrain truqué. On a marché Charles, mais pas longtemps"... A la lecture des pages de cet ouvrage, on se dit que GASTON devait déjà avoir des dons de visionnaire. La façon dont il définit le "Non, ce n'est pas un adieu" écrit pour les COMPAGNONS par Charles AZNAVOUR le démontre. Car depuis tout s'est trouvé confirmé !


    Depuis la fin des COMPAGNONS, il a intégré le “Swing Song Orchestre” qui a fait les beaux jours, notamment, des festivités du Lubéron et avec lequel il est parti un temps en tournée avant de créer un GASTON ET SES COMPAGNONS. En dehors de ses quelques représentations, les admirateurs du groupe l'auront revu avec plaisir lors de l'inauguration de la Place des Compagnons de la Chanson à Lyon en octobre 2002. 


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  • C'était juste après le départ de Marc HERRAND et son remplacement par Jean BROUSSOLLE... Gérard SABBAT s'apprêtait à effectuer son service militaire...  Beaucoup ont oublié jusqu'à son nom, d'autres ignorent même qui était l'homme ! Pourtant Mario HIRLE (en photo ci-dessus) a fait partie intégrante de l'histoire des COMPAGNONS DE LA CHANSON. Du moins pendant quelques mois !
    Né en mai 1925 à Schiltigheim, il aura été l'autre Alsacien des Compagnons avec Marc HERRAND et Jean-Louis JAUBERT. Anne ARGYRION et Charles FALCK qui ont consacré un ouvrage au célèbre cabaret alsacien BARABLI paru aux Editions Ronald HIRLE en 1992 (dont la couverture est reprise ci-dessus) évoquent quel a été son parcours dans cet ouvrage. 
    Issu de ce cabaret créé en 1946 avec son ami Germain MULLER, le Charles TRENET alsacien, et quelques autres dont Benjamin SUBAC et Raymond VOGEL,  Mario a été appelé à remplacer Gérard SABBAT durant le service militaire de celui-ci en 1952. A l'un des moments charnières qu'a connu le groupe qui s'apprêtait à partir à nouveau en tournée aux Etats-Unis. Celui qu'Hubert LANCELOT décrivait dans son ouvrage comme un garçon gai, bon vivant, d'un caractère calme et égal sera pendant quelque temps l'équipier modèle toujours prêt à remplacer un Compagnon défaillant. Pianiste, accordéoniste et compositeur, en assurant l'intérim et quel intérim pour un jeune artiste, il aura pu réaliser son rêve au cours de cette tournée américaine entreprise par les Compagnons et y rencontrer son maître : Stan KENTON auquel il vouait une admiration musicale sans bornes. Peu après cet intérim et un autre remplacement de Jo FRACHON cette fois, Mario HIRLE est revenu aux origines au sein du BARABLI qui, pendant une cinquantaine d'années a poursuivi ses créations en Alsace.
    Un hommage est rendu depuis quelque temps à Mario HIRLE et Germain MULLER et leur cabaret BARABLI.

    On a aussi appris quels étaient les liens amicaux qu'il avait noué avec Guy BOURGUIGNON auquel, tout comme Jean BROUSSOLLE, il a rendu hommage au moment de sa disparition en décembre 1969.


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  • Ours par verclaud

    Marc HERRAND, que nous avons interrogé à propos de l'Ours pour qu'il essaie de se souvenir de cette époque, nous a confiés les éléments suivants à propos de cette chanson-sketch de Charles TRENET. Rappelons qu'elle avait constitué avec Les yeux de ma mère l'un des grands succès au PlayHouse Theater de New York en Octobre 1947 lors de la première tournée américaine des COMPAGNONS DE LA CHANSON.
    Comme nous l'a dit Marc, ils étaient les uns et les autres toujours très heureux et enthousiastes à chaque fois que Charles TRENET les informait qu'il avait une chanson pour eux. Il faut dire que la cote de Charles à cette époque (1946/1947) était supérieure à la leur. Pour l'Ours, ce fut un régal pour moi de l'arranger, précise Marc, et surtout de la mettre en scène car la vidéo ci-dessous le montre, il a fallu quelques heures de travail avant que les COMPAGNONS DE LA CHANSON parviennent à l'interpréter parfaitement.
    Pourtant, au moment de partir aux Etats-Unis avec Edith PIAF et cet ours dans leurs bagages, les COMPAGNONS n'étaient pas très rassurés. Surtout dans le contexte de guerre froide qui sévissait alors entre les deux grands qu'étaient les Américains et les Soviétiques. Ils avaient même envisagé de retirer la chanson de leur répertoire ! Tout bonnement ! Heureusement qu'une bonne fée veillait... car ce fut un beau succès !
    Le public avait-il compris quel en était le thème pour avoir réagi de la sorte et l'avoir ainsi accueillie ? Ca, c'est une autre histoire ! Surtout quand on sait que STALINE passait aux yeux des Yankees pour être tout simplement un ours ! Qu'un ours qui leur faisait immanquablement penser à STALINE puisse devenir le personnage le plus important d'une communauté aurait dû plutôt les inquiéter... nous a confiés Marc ! Mais...


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  • Fred, un maître parmi tous les enchanteurs !

    C'est le 10 mars 1924 que Fred MELLA a vu le jour. A Annonay, au sein d'une famille d'origine italienne où l'on savait ce que travailler voulait dire. D'une prime jeunesse vécue dans le Piémont avant un retour en France à l'adolescence, il est resté à Fred ce goût pour le chant et l'art lyrique. Car, chez les MELLA, on vouait un véritable culte à la musique et le père était de loin le plus musicien de la famille et un véritable connaisseur. Cet intérêt sera à l'origine durant la seconde guerre mondiale, de l'intégration de Fred, en septembre 1943, au sein d'un groupe formé par Louis LIEBARD à Lyon chemin de Champvert : LES COMPAGNONS DE LA MUSIQUE. Juste avant que l'équipe de représentation se produise lors d'une soirée mémorable au Pathé-Cinéma de Lyon (23 novembre 1943) durant la Nuit du Cinéma devant Louis SEIGNER, l'un des sociétaires de la Comédie Française. Fred était alors sur le point de devenir instituteur à l'école Saint-Denis d'Anno-nay... L'emprisonnement du titulaire de la formation, un certain Jean VERLINE, la voie était libre pour le jeune Alfredo !

    Son timbre de voix lié à une diction parfaite auront, il est vrai, ensorcelé des millions de gens aux quatre coins du monde et sa voix de ténor aurait pu lui permettre d'embrasser une toute autre carrière et, qui sait, faire de lui un chanteur d'opéra adulé. Il n'en sera rien pour le plus grand bonheur de ceux qui continuent encore aujourd'hui à lui vouer un véritable culte ! Sa dernière prestation à l'Olympia le 14 décembre 2008 le montre. Son livre : « Mes maîtres enchanteurs » publié aux Editions Flammarion, un ouvrage dont il parlait à l'été 2007 sur les ondes d'Europe 1, interviewé par Jacques PRADEL, a révélé beaucoup d'aspects encore méconnus de la plupart d'entre nous et nous y avons consacré ici de très larges extraits, revenant même sur les confidences de Fred faites au moment de la sortie du livre devant les journalistes de PLATINE et de RADIO CANADA. Rien de bien surprenant chez un homme qui vouait enfant un intérêt pour le domaine littéraire... parallèlement au chant !

    On le devine, un sentiment d'amitié unissait les COMPAGNONS DE LA CHANSON entre eux, au-delà des petites divergences quotidiennes. La façon dont Fred évoque dans son livre les relations qu'il avait nouées avec ses amis et partenaires et dont Gérard SABBAT évoque la présence dans la préface du livre de Christian FOUINAT sont là pour l'attester. Certes, comme dans d'autres associations, il y a eu de temps à autre des mouvements d'humeur dictés par l'exercice de la passion mais, jamais cela n'a entraîné de ruptures consommées propres à déstabiliser l'ossature du groupe. On peut se montrer maladroit dans le feu de l'action et l'importance d'un enjeu, être parfois entier et donner l'impression qu'on est sans concession, mais sans jamais être définitif. Les passionnés se reconnaîtront et Fred MELLA est un être passionné qui a eu du mal quarante ans après avoir vécu quelque chose de très fort à goûter aux joies d'une retraite certainement bien méritée. Ce qui a expliqué cette envie sans cesse renouvelée de poursuivre, seul, en 1986 une carrière qui lui avait tant apporté. Car trente-neuf années exactement de COMPAGNONS DE LA CHANSON auxquelles s'ajoutent les trois premières années vécues dans le giron des COMPAGNONS DE LA MUSIQUE ! Plus d'un demi-siècle à chanter... ce n'est pas rien !


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    « Il fut un temps où j'ai ressenti un urgent besoin de m'exprimer seul en scène car, un soir, j'ai vu une hydre à neuf têtes et un seul corps et je me suis imaginé coupant ma tête. Mais je réalisai que sans corps, j'allais mourir. A partir de ce moment-là, j'ai suivi des cours de chant, de comédie et de danse. J'ai écrit des chansons, j'ai créé ma mise en scène, mes éclairages et mes costumes et grâce à tout ce travail personnel vous allez voir réunis mon corps et ma tête ».
    Ainsi s'exprimait Jean ALBERT que nous surnommons toujours affectueusement "Le p'tit rouquin" lorsqu'il a eu à justifier son départ des COMPAGNONS DE LA CHANSON pour tenter de voler de ses propres ailes.

    Comme l'a souligné Roger BRIAND de Radio-Canada, la vocation naît brutalement avec la violence passionnelle du coup de foudre ! Et faire cavalier seul après avoir connu le travail d'équipe s'avère parfois difficile. Après solitude, déception, courage, amour de la chanson se sont mélangés au fil des jours qui l'auront poussé à le partager en instituant un cours d'interprétation. Avant qu'il remonte en scène, seul, pour y donner un spectacle écrit et composé par lui... 
    Yvon GODBOUT, le pianiste de Jean ALBERT a collaboré avec lui une douzaine d'années entre 1978 et 1990. Il témoigne lui aussi des nombreuses qualités de notre "tache de soleil" qui, contrairement à ce que l'on a parfois affirmé, était doté d'une belle voix de ténor lyrique. Mais les nombreux documents qu'il a fait parvenir à Jean BOEKHOLT à Montpellier abordent tellement de détails sur les différentes prestations canadiennes de Jean ALBERT qu'il nous était difficile de ne pas en évoquer quelques-unes.
    Gilbert GAGNON, producteur qui a également été le régisseur du 2ème Festival d'art pyrotechnique de Montréal a lui-même rencontré notre "petit rouquin" durant l'été 1981 au Kiosque International puisqu'il a eu l'occasion de superviser et de diriger la régie du spectacle. Pour lui, Jean restera une légende vivante hors de son temps. C'était quelqu'un qui venait d'une époque où seuls les artistes de renom sortaient victorieux des feux de la scène.

    Né en 1920 à Pessac dans le Sud-Ouest au sein d'un milieu rural, Jean dont le patronyme ALBERT avait effacé jusqu'à l'existence même d'un prénom pourtant bien de chez nous, a longtemps fait partie des COMPAGNONS DE LA CHANSON. Responsable de leurs premiers matériels dès février 46, il en était même l'un des fondateurs puisque comme beaucoup d'autres, il avait fait ses "classes" au sein des Compagnons de la Musique de Louis LIEBARD. Après une adolescence vécue dans "les multiformes activités du cirque (cf. Guy Cormier, La Presse), du clown au trapéziste, du cavalier à l'équiulibriste, son séjour au sein de la troupe des premiers COMPAGNONS DE LA MUSIQUE ne pouvait que prendre tout son sens. Sensible aux vertus du cirque qui lui avait valu de quitter les siens très jeune, il aimait d'ailleurs se présenter aux autres comme un enfant de la balle.
    Il partageait avec Marc HERRAND et Jean-Louis JAUBERT l'une des chambres du deuxième étage de la Villa du Point du Jour de Louis LIEBARD. "Albert" qui, de l'avis de Marc donnait souvent le sentiment d'être monté sur des ressorts, a apporté au groupe un incontestable talent que les premières créations de l'ensemble mettaient sans doute encore plus en valeur. Comme si elles avaient été écrites spécialement pour lui ! Il suffit de le revoir dans les Trois cloches ou encore dans C'est pour ça, la chanson issue du film : Neuf garçons et un coeur, voire même dans Perrine était servante dont vous trouverez sur ce site quelques extraits vidéo pour s'en convaincre. Lors de l'arrivée de René MELLA au sein du groupe à l'automne 1950, c'est d'ailleurs lui qui lui servira de répétiteur pour la partie sketches des COMPAGNONS ! 
    Ce n'est qu'en 1956 qu'il quittera les Compagnons pour tenter une carrière en solo. Après une quinzaine d'années passées avec certains d'entre eux. Surnommé « la tache de soleil par Edith PIAF, il est resté pour beaucoup « Albert le P'tit rouquin » dont la chevelure à elle seule le faisait repérer au premier coup d'oeil. A un point tel que les Américains, fascinés par sa ressemblance avec l'un des premiers grands de Hollywood, avaient même voulu en faire une sorte de James Cagney bis ! 
    Celui dont Fred MELLA a dit qu'il était « un bon Compagnon » ne connaîtra cependant pas la fin envieuse que ses premières armes auraient mérité. Peut-être parce qu'il avait cru devoir voler de ses propres ailes et devenir enfin une vedette à part entière sans en mesurer tous les pièges et qu'il aurait, selon Hubert, été victime d'un entourage sans scrupules. Cette nouvelle carrière le conduira même sur les plateaux de cinéma et lui vaudra de jouer sous la direction de Claude TRENET le rôle d'un fonctionnaire rêveur (1969). Jean ALBERT est décédé au Canada en 2003 laissant une fille : Sophie, derrière lui.

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    Ici, en répétition parmi les Compagnons du début (1946/1947) Jean avec ses bretelles est entre Paul Buissonneau et Hubert Lancelot


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