• Bon anniversaire Gérard, par J-P. Castaing

    Bon anniversaire Gérard, par J-P. Castaing

    En cette période de Coupe du Monde de Rugby qui se déroule dans notre beau pays de France, permets-moi de souhaiter au talonneur que tu es, mon cher Gérard, de bien fêter ce mercredi 26 septembre sa 81ème sélection dans la grande équipe des joyeux pinces sans rire. Bien sûr, nous sommes encore loin du record de capes et d'épais manteaux détenu par PHILIPPE SELLA, mais nous n'en ferons pas un roman car ce n'est pas le sujet du jour !
    Bien que natif d'un quartier de Lyon, Gérard en effet n'est pas sorti du centre de formation ou de la gueule du L.O.U (Lyon Olympique Universitaire). Il a cependant réalisé une brillante carrière profession-nelle internationale au sein de la glorieuse formation des Compagnons de la Chanson. Certes, leurs superbes traditionnelles chemises blanches n'étaient pas frappées, sur la poitrine, de l'emblématique Coq gaulois, mais en compagnie de ses excellents coéquipiers, Gérard, dans tous les hémisphères et sous toutes les latitudes, a longtemps fait triompher la Chanson Française.
    Devenu l’un des piliers de l’équipe, il en a été pendant plus de quarante ans l’un des titulaires indiscutables. Face aux fauteuils d’orchestre, solidement installé en bout d’alignement, il a joué chaque soir, devant un public nombreux qui avait payé sa place rugby sur ongle, dans des salles combles, et jamais à demi ou au 3/4 pleines. Dans les regroupements autour du soliste, si Jean puis Gaston étaient au soutien de Fred, Jean-Pierre grattait tout ce qui lui passait à portée de main. La poussée vocale était collective et Gérard et Hubert en troisième ligne bloquaient les extérieurs et assuraient le deuxième rideau
    Lorsqu’en 1956, Albert dit " le petit rouquin " s’est mis hors jeu et qu’il a plaqué sévèrement le groupe, la pénalité a été dure à encaisser. Cela a été l’heure du coatching. Il a fallu rapidement s’adapter et trouver la bonne tactique. Dans un premier temps on a recruté Jean-Pierre au centre. Puis, ses équipiers modèles ont proposé à Gérard de remplacer le partant dans le rôle du comique. Face à cette nouvelle charge, non seulement, ce dernier ne s’est pas dérobé, n’a pas botté en touche, n’a pas joué une seule minute les cocotes, mais il a osé et tenté le drop. C’est ainsi qu’il a transformé définitivement l’un des plus beaux essais de sa longue carrière. Le grand Montaigne auteur de très nombreux et célèbres " Essais " n’a plus été à ce moment-là le meilleur réalisateur du tournoi. Que ce soit côté ouvert ou côté fermé, côté cour ou côté jardin, en toute circonstances, Gérard a su merveilleusement occuper le terrain pour développer son jeu fait d’intuition et d’inspiration. A l’aile de la première ligne, sa remarquable pointe d’humour a souvent fait des ravages dans les défenses de rire les plus hermétiques. 
    Sous leur kilt, " les Ecossais " se souviennent encore d’une mémorable déculottée. Sur une attaque grand large savamment orchestrée par Jean Broussolle, Gérard s’est trouvé parfaitement décalé en bout de ligne. Son sens inné du contre pied ou du contre ut, lui a permis de se jouer de la cornemuse et vite fait bien fait, de renvoyer les Ecossais sous la douche et à leurs chères études ! Au point que ces derniers se sont littéralement trouvés, non plus en kilt mais en kit ! Je garde une forte " impression d’Angleterre ", où le fait de la rencontre fut l’œuvre de notre flanker de Gérard qui faisant feu de tout hautbois, a rasé la ligne des feux de la rampe et, sans aucun état de lame, raffûté le célèbre Wilkinson. Le la mineur était au fond du trou. C’était du délire dans les tribunes, la foule chambrait les lords, " les roses rouges étaient fanées ".
    Contre l’Irlande, il y a eu beaucoup de " trèfle " dans les gradins et une véritable ballade s’en est suivie. J’esquive rapidement, le trop facile France-Galles qui fut une première de l’eurovision, mais vit la partie finir plus ou moins en sucette. Pourtant, tout ne fut pas toujours aussi facile, notamment face aux rugueux Italiens. Dans cette confrontation, l’impénitent truqueur d’Angelo qui connaît bien la musique fut l’auteur à répétition de nombreux débordements. Dans des moments pareils, il faut parfois, savoir lever les " guitares " au risque, malheureusement, de voir la partie dégénérer et terminer à la " mandoline ". 
    SEBASTIEN CHABAL, la nouvelle coqueluche du rugby français, cheveux au vent, lors de ses chevauchées fantastiques, culbute ses adversaires par ses terribles charges dévastatrices. Notre Gérard Sabbat, quand à lui, idées longues et cheveux courts, nez retroussé, flairant au vent les bons coups à jouer, renversait de bonheur le public de toutes les salles à chaque fois par la finesse de ses gags et ses mimiques irrésistibles !
    Ce même cher public, s’est-il douté un seul instant des longues séances d’entraînement durant lesquelles, sous le joug du directeur musical, se répétaient les gammes, les enchaînements, ainsi que les petites touches et retouches nécessaires pour la totale réussite d’un accord ou d’un cadrage parfait ? 
    l’arrière le sûr et solide Jo assurait le tempo. Marc harmonisa longtemps le jeu entre les lignes et marqua, à jamais, l’arrêt de volée. Les athlétiques seconde ligne Guy et Jean Louis se chargeaient des fondamentaux et étaient les basses du système. Derrière le pack, le poste des demis échevait d’office à Fred et René. Car, quoi de plus naturel y avait-il que de laisser la mêlée aux Mella ? Sans se mettre en avant, Gérard se montra également un remarquable capitaine. Car il n’avait pas son pareil pour rameuter le paquet des 8 de devant ! Chacun se souvient certainement de son efficace et hilarant rôle d’aboyeur dans le " baron Gontran ". Dans les " Jumelles de marine ", suite à un petit bobo ou à un grand maul, après un sévère déblayage des gaillards d’avant, évitant de prendre le trou de mémoire et de tomber dans le piège de celui du souffleur, il s’extirpa de l’axe profond, passa à hauteur pour se retrouver au sommet de son art et de l’échelle. Sous les 36 voire innombrables chandelles du succès, formidable leçon à méditer par bien des éphémères vedettes de pacotille de nos jours, Gérard fut imperturbable et il resta fidèle à ses valeurs en conservant sa simplicité et son humilité. 
    A la disparition d’EDITH PIAF, dans la plus grande des traditions, avant la fermeture du dernier rideau et au dernier rappel aux vestiaires, à la demande d’un public friand, incontestable cerise sur le gâteau, les Compagnons reprirent chaque soir " le chant des maoris " en entonnant le désormais célèbre HAKA pella tarte, ce qui entre les perches est bien loin d’être le cas.
    En 1985, quand avec plus de 40 ans de succès au " planchot " d’un commun accord, fut sifflé l’ultime arrêt de volée et qu’il fallut couper les extérieurs, pour repiquer à l’intérieur, notre international de haute envolée, déclara dans une interview projeter de devenir comédien. J’ignore, exactement ce qu’il en advint. Par contre mon cher Gérard, je peux vous affirmer que pendant ces nombreuses années " Compagnons " vous avez été un merveilleux comédien. Avec vous, nous sommes passés du rire aux larmes à travers vos somptueuses interprétations dramatiques ou comiques. Vous avez accompagné nos joies et consolé nos peines. Il me faut également souligner que beaucoup de vos admirateurs se souviendront longtemps de votre performance athlétique lors de votre démonstration vocale du " Mexicain ".
    Pour moi, tout au fond de mon cœur, fidèle à l’esprit Compagnons, vous êtes le MEC SI BIEN que je suis heureux de connaître. Oui, mon cher, votre traditionnelle modestie dut-elle en souffrir, j’affirme que d’être l’ami de Gérard C’EST BATH. 
    A la suite de ce nécessaire recentrage, votre humble cadet de Gascogne, termine sa tirade en tapant un monumental coup de pied à suivre. Au terme de ce dernier, grâce à un vent favorable, j’espère que l’ogive aux rebonds capricieux terminera très prochainement sa course à Lyon, dans l’embut de la mythique Place des Compagnons de la Chanson. Près de cet endroit qui vous vit naître, tous vos fidèles admirateurs, les pots et les poteaux du coin, seront heureux de vous retrouver pour une grande séance de dédicaces et célébrer dignement en votre compagnie ce glorieux évènement. 
    L ’ensemble de vos très nombreux supporters se joint à moi pour vous souhaiter un heureux anniversaire ainsi qu’entouré de tous les êtres qui vous sont chers une magnifique et joyeuse troisième mi-temps !

    Jean-Pierre CASTAING

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