• Un média belge interviewait Fred Mella au début des années 60...

    Un média belge interviewait Fred Mella au début des années 60...Il est toujours intéressant de relire ce qui a été publié. A plus forte raison en 1964, à un moment où les COMPAGNONS DE LA CHANSON et Fred MELLA jouissaient d'une cote de faveur au plus haut auprès du public. Et où l'ensemble se préparait à partir en tournée en Russie.

    Q. Est-ce que c'est encombrant la famille lorsqu'il faut partir en tournée ?

    F.M : Pas du tout, les enfants bien sûr sont pensionnaires. Mais ils rentrent régulièrement à la maison. Nos femmes ne nous accompagnent que pour les grands voyages. Comme ce sera le cas pour la Russie dans un mois...

    Q. Vous partez là-bas ?

    F.M : Oui, pour trois semaines. Après, ce sera une nouvelle tournée en Israël, puis en octobre 1965, un nouveau voyage aux U.S.A. Des projets, toujours des projets...

    Q. Vous ne pensez donc jamais que vous pourriez vous arrêter ?

    F.M : en se précipitant vers la porte avec un éclat de rire. Aïe, je touche du bois ! Pourquoi voulez-vous que nous nous arrêtions ? Le spectacle vous a ennuyé ? Non ? Alors... Tant que le public nous "supporte" aussi bien, tant que nous avons l'impression de lui apporter quelque chose, pourquoi mettre les pouces ? 

    Q. S'il le fallait pourtant, vous feriez quoi ?

    F.M : Je resterais dans la musique. Soit dans l'industrie du disque : édition, enregistrement, etc. Soit en continuant à chanter tout seul.

    Q. Cela vous a déjà tenté ?

    F.M : On m'a déjà tenté souvent. On m'a offert de bons contrats pour me lancer en solitaire.

    Q. Et c'est non ?

    F.M : C'est non... La vie avec les COMPAGNONS, ça a quelque chose de merveilleux. Et puis j'arrive aussi bien à m'exprimer, là, avec l'équipe.

    Q. Vous êtes avec les Compagnons... Depuis ?

    F.M : Depuis toujours... En 1941, j'étais dans une chorale au sud de la ligne de démarcation... Avec Bourguignon, Lancelot et Jean-Louis Jaubert, nous faisions partie de l'équipe d'expression des jeunes qui étaient passés en zone libre. Nous chantions des refrains folkloriques. Sabbat et Frachon ont fait partie du groupe presque aussitôt. Nous avons commencé à chanter à neuf dès le début. A ce moment-là il y avait en plus Jean Albert qui est parti voler de ses propres ailes, Marc Herrand qui nous a quittés pour épouser Yvette Giraud et Buissonneau qui s'est marié pendant une tournée au Canada et qui y est resté...

    Q. Vous avez quand même voulu rester neuf ?

    F.M : Oui et nous avons remplacé les partants. Aujourd'hui, le petit dernier, c'est Jean-Pierre Calvet. Il n'est là que depuis 8 ans. Jean Broussolle nous avait rejoints en 1951 et en 1951 c'est mon frère que j'avais débauché. 

    Q. Il a quitté son métier pour vous suivre ?

    F.M : Oui, il était peintre en bâtiment dans l'entreprise familiale. Il est passé de l'échelle aux planches...

    Q. Est-ce que les autres Compagnons sont des enfants de la balle ?

    F.M : Pas plus que nous, non. Sabbat est fils de gendarme, le père de Bourguignon était directeur de banque, celui de Lancelot soyeux à Lyon. La plus haute origine, c'est celle de Jo Frachon ! Il descend de la famille Montgolfgier.

    Q. Le tournant décisif de votre carrière ?

    F.M : Il s'appelle Edith Piaf, bien sûr. Elle a cru en nous, tout de suite. Nous avons été présentés à Paris en 1943. Presque aussitôt Edith nous a remarqués. Nous avons été à l'affiche avec elle pour la première fois en 1946. Quelques mois après, nous chantions ensemble : c'était le grand départ. Depuis, de pays en pays, de gala en tournée, ça continue...

    Q. Toujours aussi bien, malgré les "yéyé" ?

    F.M : Ca n'a rien de contradictoire. Les jeunes peuvent aussi bien nous trouver "bons" et danser en même temps sur des rythmes plus "nouvelle vague".

    Q. Vous choisissez votre répertoire ensemble ?

    F.M : Oui. Un beau matin, quelqu'un lance l'idée d'une chanson. On discute. On essaie d'harmoniser et puis on se décide à chanter. Souvent d'ailleurs, nous chantons des chansons écrites pour nous. Broussolle et Calvet en ont plus d'une sur la conscience !

    Q. Et pour la mise en scène ?

    F.M : Ensemble toujours. Nous mettons nos suggestions en vrac. On tâtonne, on rejette. Ca dure quelquefois des mois avant d'être bien au point. 

    Q. Votre plus beau souvenir ?

    F.M : Ma plus grande émotion ? Avec Edith, bien sûr. La dernière fois que nous avons chanté avec elle, c'était à Nice, en 1962. Elle était dans la salle, nous sur scène. Les gens l'ont reconnue. Ils l'ont portée en triomphe jusqu'à nous et ils ont réclamé Les trois cloches ! Il y avait bien longtemps que nous n'avions plus chanté avec Edith. Et nous nous étions promis de ne jamais interpréter Les trois cloches l'un sans l'autre. Impossible de se souvenir des paroles ! Edith et moi, nous sommes partis répéter dans un coin de la scène pour essayer de retrouver le texte... Ca a été un triomphe. Et pourtant, elle était déjà malade. 

    En sortant dans la rue, il pense encore à Edith Piaf. Au bord du trottoir, une dame âgée l'arrête. Elle le reconnaît. Elle lui demande une photo. Mella n'en n'a pas sur lui. Elle a l'air désolée sous son vieux châle gris noir. Elle continue à le regarder sans rien dire.

    Votre prénom, c'est comment, demande-t-il. Jeanne lui répond-elle. Je vous demande une petite seconde, je reviens.

    Il est entré dans le théâtre où il a bousculé un peu tout le monde. Il a ouvert ses dossiers déjà fermés et est revenu avec la photo. Un geste tout simple. Mais cette gentillesse-là, spontanée, gratuite, c'est tout le secret des Compagnons de la Chanson.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 18 Mars 2016 à 12:46

    trop trop bien cet interview

    j étais encore   jeune 

    merci

    BON W D 

    DÉCALA

    BRUNO  MALLET

     

     

      • Samedi 19 Mars 2016 à 08:23

        bon week-end à vous aussi Claire !

    2
    Dimanche 20 Mars 2016 à 14:30

    merci a vs   DECALA

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