• Un pour neuf, neuf pour un... L'histoire belge du mois...

    Un pour neuf, neuf pour un... L'histoire belge du mois

    Les futurs COMPAGNONS DE LA CHANSON en 1945. En avril 1944, ils logeront difficilement boulevard Magenta 

     

    Cet article qui suit repris en italiques, publié en Belgique au début des années soixante, ne colle pas avec ce qui s'était dit par ailleurs lors du premier passage de la jeune troupe de LIEBARD à la Comédie Française. Ce qui montre bien que les COMPAGNONS DE LA CHANSON étaient devenus une sorte de réussite mythique. D'ailleurs, ne dit-on pas dans le même esprit qu'Edith PIAF serait née sur les marches d'un vieil immeuble du XXème arr. de Paris. Ici, il semble bien qu'il y ait eu une confusion avec un spectacle organisé au même moment à l'ABC qui vit les COMPAGNONS livrer une prestation fort décriée. Avant, certes, de trouver le lendemain une consécration durant ce fameux gala organisé par Marie BELL. Ce qui n'enlève rien à l'anecdote et à la vision du comédien Bernard BLIER.

     

    Alors qu'ils ne se produisaient encore que sur des scènes de patronage ou de province, Marie BELL qui fut une de leurs premières admiratrices, les invita à participer d'abord à une grande consécration : La Nuit du Cinéma (1), ensuite à un gala organisé par la SNCF sur la plus classique des scènes parisiennes, celle de la Comédie Française. C'était le rêve devenu réalité, la gloire sur toute la gamme. Dans la fièvre et la faim, ils se préparèrent, trièrent leurs chansons, leurs gestes, leurs mines, au plus fin des tamis. C'était la première fois qu'ils chantaient à Paris, et ce coup d'essai sur une telle scène, dans une telle salle, risquait de devenir un coup de maître. Chacun d'eux, chargé d'une petite valise, où ingénument et orgueilleusement ils avaient écrit sur le couvercle leur nom encore totalement inconnu, les COMPAGNONS (DE LA MUSIQUE futurs COMPAGNONS DE LA CHANSON) se préparait pour le grand jour qui était un grand soir.

    FERNANDEL, arrivé impromptu pour le gala, déclara :

    - Si je passe, je ne peux passer que tout de suite. Je n'ai hélas que très peu de temps !

    Tant mieux se dirent les COMPAGNONS en se frottant les mains, l'ambiance sera ainsi toute chaude, bonne à être cueillie. De fait, FERNANDEL venait, comme on dit dans le métier et dans le Midi, de faire un "malheur", la salle croulant sous les applaudissements. C'est alors qu'entrèrent en scène nos amis, un peu timides, mais tout vaillants, qui commencèrent à entonner Perrine était servante à toute voix et à tout cœur. Mais que se passa-t-il ? Un quidam dans le fond de la salle, tonna un : "Vos gueules !" Imperturbables et croyant avoir mal entendu, nos preux COMPAGNONS poursuivirent ce qui allait bientôt devenir un calvaire. Car à l'insulte avaient répondu, comme un écho de tous les coins de la salle, mille hurlements, imprécations, quolibets. "Ca grince", "Retour à la terre", "Dire qu'ils s'y sont mis à neuf", "Houhouhou" et autres "allez vous cacher, vous faites peur aux rats"... Le chahut devenant émeute, on dut baisser le rideau devant le nez des Compagnons effondrés qui n'eurent même pas le temps de terminer leur chanson. Ils s'enfuirent dans leur loge, poursuivis par la honte et par les cris.

    Un pour neuf, neuf pour un... L'histoire belge du moisC'est là que Bernard BLIER les trouva en larmes ou presque. Il prit la situation en main :

    - Mes enfants, vous avez un pot de tonnerre. Comme démarrage, c'est foudroyant. Non, je ne ris pas. Dans ce métier, il n'y a rien qui porte bonheur comme de rater son départ. On arrive beaucoup plus sûrement.

    Ce qui n'empêcha pas les COMPAGNONS désespérés de s'enfuir par une porte dérobée, en faisant bien attention, cette fois, à ce qu'on ne les reconnaisse pas, de peur de recevoir quelques tomates supplémentaires. Mais B.B ne s'était pas trompé. Le lendemain, passant au Français (2) où ils étaient encore invités à chanter - comme quoi les organisateurs de spectacles ont quelquefois du courage - ils cassèrent tout sauf les oreilles, expression prise dans son sens le plus noble.

     

     

    (1) à Lyon au Pathé-Palace, en présence de Louis SEIGNER, futur doyen de la Comédie Française.

    (2) Ils n'y auraient chanté qu'une fois, juste après une première représentation ratée à l'ABC. Or, dans ce document, il n'est pas question de cette représentation ratée à l'ABC.

     

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