• Mes maîtres enchanteurs... L'interview

    Voici un an sortait Mes maîtres enchanteurs...Fin 2006 sortait : « Mes maîtres enchanteurs », la biographie de la voix des COMPAGNONS DE LA CHANSON, Fred MELLA publié chez Flammarion. PLATINE avait réalisé un interview à l'occasion de celle-ci dont nous vous livrons quelques extraits.
    PLATINE : Cette autobiographie est-elle la première ?
    Oui. C'est une espèce de promesse que j'avais faite à mes fidèles, qui sont fidèles des Compa-gnons. C'était maintenant ou jamais, car les Compagnons ont arrêté il y a vingt ans, après quarante deux ans de carrière et leur impact commence vraiment à diminuer... Mais j'ai aussi écrit cette biographie pour mes enfants et mes petits enfants.
    PLATINE : Quand l'avez-vous commencée ?
    Il y a un peu plus de deux ans, doucement, à mon rythme. J'ai été encouragé par mon plus vieux complice dans ce métier, Charles AZNAVOUR.
    PLATINE : Est-ce lui qui vous a pistonné chez Flammarion où, de plus, vous avez la même directrice littéraire, Stéphanie CHEVRIER, qui est la compagne d'Olivier BESANCENOT ?
    Non, ce n'est pas Charles qui m'a présenté Flammarion, mais un ami de BRASSENS qui avait travaillé dans l'édition et auquel j'avais envoyé mon synopsis pour avoir l'avis d'un professionnel. Ce dernier m'a rappelé trois jours après l'avoir reçu en me disant qu'il avait trouvé ça formidable et qu'il en avait parlé à un éditeur. C'était Flammarion. j'ai donc eu un rendez-vous chez eux et cela a fini chez Stéphanie... Cela amuse beaucoup Charles qui m'a dit : « Maintenant, on va faire les foires aux livres ensemble ! ».
    ... Pour les dates, je ne m'en souviens pas. Quant aux personnalités, je voulais absolument éviter le "name dropping". Je n'ai pas cherché à faire un livre historique. J'ai d'ailleurs commencé à raconter mon enfance, mon existence... car pour moi c'était le plus facile.
    PLATINE : Quel était votre but dans la chanson ? Vous racontez avoir entendu les Compagnons durant l'été 42 ?...
    Etre chanteur d'opéra, car je ne connaissais que ça... J'ai vu un jour une affiche des Compagnons (de la Musique) qui figure d'ailleurs dans mon livre. Je me suis offert une place et j'ai découvert, émerveillé, ce qu'ils faisaient. Il y avait déjà dans le groupe Jean-Louis JAUBERT, Marc HERRAND... Et même des filles.
    PLATINE : Vous intégrez leur troupe à Lyon à la rentrée 43. N'avez-vous jamais regretté l'opéra ?
    Un peu, mais je pense que ma voix n'aurait pas suffi pour l'opéra. Au mieux, j'aurais pu faire de l'opéra comique. Quand à l'opérette, elle ne m'intéressait pas tellement.
    PLATINE : Pourquoi les Compagnons de la Chanson n'ont-ils été que neuf ?
    Je me souviens qu'en 1943, pour ma première réunion avec le groupe, nous étions 40 ou 50 postulants en cercle dans une salle glacée dans laquelle il n'y avait même pas de piano... Le chef des Compagnons : LIEBARD qui chantait horriblement faux, mais avec une oreille extraordinaire, a fait un test au bout de trois jours. Beaucoup ont été remerciés, cependant les neuf sont effectivement les neuf dissidents qui ont voulu continuer à Paris alors que le "chef" LIEBARD nous ordonnait de rentrer sur Lyon (ndlr : fév. 1946). Nous avons cependant gardé la façon de chanter que LIEBARD nous avait apprise...
    PLATINE : De 1944 à 1956, votre carrière est liée à celle de PIAF, qui vous impose même dans la première tournée en Amérique à l'automne 1947...
    C'est vrai qu'on a beaucoup tourné avec elle. On l'a connue lors de notre première scène à Paris, à la Comédie Française (ndlr : 22 mars 44) et c'est en 46 qu'on a enregistré avec elle : "Les trois cloches".
    PLATINE : On raconte que c'est elle qui vous a poussés vers la variété afin de vendre du disque ?...
    Au départ, c'est vrai. Ensuite, ce sont les circonstances qui nous ont fait évoluer. Nous n'avions pas fait de plan de carrière (sourire) !
    PLATINE : Pensez-vous honnêtement qu'elle aurait autant soutenu les Compagnons si elle n'avait pas été amoureuse de l'un d'eux : Louis JACOB alias Jean-Louis JAUBERT ? 
    Peut-être... 
    PLATINE : Combien de Compagnons sont arrivés après vous ? 
    Paul BUISSONNEAU qui n'est pas resté longtemps avec nous et qui est devenu le DEVOS québécois, doublé d'un grand metteur en scène. Il nous a quittés en 1950 et a été remplacé par mon frère qui jouait du basson, bien mieux que moi et qui a appris la flûte pour les Compagnons. Ensuite Jean BROUSSOLLE est arrivé au moment où Marc HERRAND nous a quittés pour s'occuper de la carrière de sa compagne, Yvette GIRAUD (ndlr : 1952). BROUSSOLLE, comme HERRAND était à la fois un bon chanteur et un musicien, violoniste classique et jazz, un auteur aussi. Il a quand même signé avec Sacha DISTEL "La belle vie" qui a été reprise par SINATRA ! Avec Jean-Pierre CALVET, ils ont écrit de nombreuses chansons. Ce dernier était un homme délicieux, un Prix de Conservatoire, un mélodiste hors pair, un petit Vincent SCOTTO avec un accent délicieux du midi, qui jouait de la guitare et avait joué du trombone à l'Opéra de Monte-Carlo.

    PLATINE : Etiez-vous plus difficiles au fil du temps, notamment quand GASTON qui venait de chez Claude FRANCOIS vous a rejoint en 1973 ?
    Nous n'étions pas plus difficiles mais plus professionnels. On a toujours été difficile sur la qualité, même à l'époque de LIEBARD où pourtant on chantait souvent sur les places publiques ou dans les granges. Choralement parlant, je dois même avouer que durant la première époque, c'était bien mieux que quelques années après. Je crois qu'on s'est un peu relâché, avec l'adjonction progressive d'instruments de musique. Il ne faut pas oublier qu'à nos débuts, tout était a capella. Lors de notre première tournée aux Etats-Unis, en 1947, on parodiait des musiciens, ce qui nous a valu d'être comparés aux MARX BROTHERS, mais c'était ponctuel dans le spectacle. Tout le reste était a capella. D'ailleurs, jusqu'à la fin de notre carrière, les chansons folkloriques sont restées a capella. Comme "Perrine était servante" qui est restée notre chanson fétiche...
    ...
    PLATINE : Au fil du temps, n'avez-vous pas privilégié les musiciens aux voix. Hormis vous, les Compagnons n'étaient pas tous de grands chanteurs, non ?
    C'est vrai, je dois l'avouer, il y a des Compagnons qui n'étaient pas chanteurs du tout (sourire), mais ils étaient musiciens. C'était même mieux qu'il n'y ait eu qu'un vrai chanteur, car en groupe il faut gommer le vibrato pour se fondre dans le choeur.
    PLATINE : Pourquoi recruter GASTON en 1973 ?
    Lorsque BROUSSOLLE est décédé (ndlr : il avait voulu évoquer sans doute dans la précipitation la succession de Guy BOURGUIGNON), nous n'avons pas voulu descendre à sept Compagnons et nous avons recruté GASTON. Ce dernier était un grand musicien doublé d'un vrai personnage. Il faut dire que le spectacle des Compagnons était vocal mais aussi visuel, avec de la danse, ou de la pantomine..., un peu comme celui des FRERES JACQUES. En plus, nous jouions de 70 à 80 instruments. Pourtant, seul mon frère, CALVET, BROUSSOLLE, et ensuite GASTON étaient de grands musiciens, les autres se contentaient de suivre. Ils filaient le train comme on dit. C'est pourtant comme ça qu'on a bluffé le monde entier, y compris la directrice musicale de Judy GARLAND !
    PLATINE : Avez-vous été conscient d'avoir la plus large palette qu'un artiste de variété pouvait avoir ? Dans les années quarante, vous êtes dans les premiers à chanter AZNAVOUR et SALVADOR tout en gravant TRENET et LEMARQUE ?...
    Avec Charles, il y a tout de suite eu des atomes crochus. Aujourd'hui, c'est mon meilleur ami, mon frère. Au début, pour imposer ses chansons aux autres Compagnons, je me souviens avoir dû me battre. Même pour "Les comédiens" qu'ils ne voulaient pas chanter en 1962...
    PLATINE : Dans les années cinquante, vous imposez BECAUD et BRASSENS tout en traduisant des succès de COLE PORTER ou d'HARRY BELAFONTE...
    On a aussi chanté FERRE ! Pour nous, ce n'était pas une question de nom ou de style, il fallait seulement que la chanson nous plaise. Quant à BRASSENS, je me souviens que quand nous partions en tournée ensemble et que nous faisions beaucoup de route, nous en arrivions toujours à chanter son fameux : Fernande, je bande, je bande... Je me souviens que cela le faisait rire car il devait, comme beaucoup, nous considérer comme des enfants de choeur. Il me disait : « Tu ne pourras jamais chanter ça, ton public ne l'acceptera jamais ! ». Et bien, aujourd'hui, je la chante dans mes spectacles. Il doit bien rire là-haut.
    PLATINE : Est-ce que Pathé ne vous a jamais forcés à enregistrer un titre ou un autre ? 
    Jamais, ou alors juste une fois, mais nous avons refusé. Ce devait être pour une chanson que BOURVIL a enregistré et qui faisait : « Jolie, jolie ». On a eu tort car cela a été un très gros succès.
    PLATINE : Y avait-il une guerre entre vous et les autres artistes, comme entre DALIDA et GLORIA LASSO ? Comment cela s'est-il passé quand vous avez repris : Si tu vas à Rio à DARIO MORENO ou même : Les gitans à DALIDA en 1958 ?
    Tous les artistes chantaient les mêmes chansons. Charles était même content quand nous enregistrions des chansons qu'il chantait aussi comme : "Sur ma vie" (1955), "Sa jeunesse" (1957). Pour "Les gitans", on les a enregistrés avant DALIDA. Nous étions d'ailleurs souvent les premiers à faire les titres. En plus, on a eu des chansons "maison" qui ont été signées par Jean BROUSSOLLE et Jean-Pierre CALVET.
    PLATINE : En 1959, "Le marchand de bonheur" est un des premiers succès de ce tandem, non ? 
    Mais les Compagnons ne voulaient pas la faire, car cela avait un côté italien qui ne leur plaisait pas ! Alors, avec Jean et Jean-Pierre, chaque fois qu'il fallait faire une balance, on entonnait ce morceau qui les énervait... Jusqu'au jour où, pour un 45 tours avec quatre chansons, il nous manquait une chanson. Ils l'ont accepté comme "bouche-trou". Bilan : numéro un !
    PLATINE : N'y avait-il pas de la jalousie de la part des autres Compagnons envers BROUSSOLLE et CALVET qui touchaient la SACEM en plus de leurs royalties et de leurs cachets ? 

    Non. BROUSSOLLE et CALVET allaient à la SACEM chercher leurs droits avec une brouette, mais comme c'étaient eux qui écrivaient, on trouvait ça normal. Il faut dire que nous n'avions pas à nous plaindre. Les galas étaient très bien payés. 
    PLATINE : Dans les années soixante, vous allez encore vers les nouveaux et les jeunes : BEART et même BARRIERE tout en adaptant les BEATLES ou TOM JONES... 
    C'était toujours une époque où on était plusieurs à chanter les mêmes succès. On en a même partagé quelques-uns avec PETULA CLARK... Quant à ALAIN BARRIERE, un jour je l'ai entendu dans "La Marie Joconde" et tout de suite, j'en ai parlé aux autres. 
    PLATINE : Pourquoi avoir quitté Pathé (Columbia) pour Polydor en 1962 ?
    Je n'ose pas le dire... Polydor nous a proposé un très gros contrat, le plus gros de l'époque...
    PLATINE : Combien ?
    A l'époque, ce devait être 100 millions de francs anciens.
    PLATINE : Comment l'expliquez-vous alors que tous les artistes qui avaient, comme vous, débuté dans les années quarante, ne vendaient plus de disques et se sont réfugiés dans l'opérette comme
    LUIS MARIANO ou ANNIE CORDY ou dans la revue comme LINE RENAUD ?
    Le public français savait que nous faisions une carrière mondiale aussi bien à New York, Montréal, Rio que Tokyo ou Moscou (ndlr : "Les trois cloches" ou "The three bells" sont classées trois semaines au Top anglais). 
    PLATINE : Le rock et le yéyé ne vous ont donc pas gênés ?
    Il y a eu quand même une petite chute en France avec l'arrivée de cette génération qui nous a d'ailleurs rejoints en vieillissant, tout en gardant ses idoles : JOHNNY, SYLVIE, RICHARD ANTHONY, EDDY MITCHELL... Cette petite chute ne nous gênait pas car elle était compensée par l'international.
    PLATINE : Y avait-il des chansons qui marchaient mieux selon les pays ?
    Partout, "Les trois cloches" marchaient. Nous les avons enregistrées en anglais, italien, allemand... Dans cette langue, ce n'était pas bien d'ailleurs ! 
    PLATINE : Votre carrière a cependant mieux marché en Allemagne qu'en Italie ?...
    C'est vrai.
    PLATINE : Vous racontez dans votre livre avoir tenu la main d'une de ces idoles, CLOCLO dans un avion car il avait peur. Il n'y avait donc pas de fossé des générations ?
    Non. J'ai même fait des photos de JOHNNY en militaire dans un gala que nous avions fait, il était en première partie. Il est même venu ensuite manger à la maison. Et toujours aujourd'hui, il n'y a pas de barrière. Avec AZNAVOUR, je suis allé le voir sur scène il n'y a pas longtemps à Bercy. c'était le même qu'à vingt ans.

    PLATINE : En 1966, pourquoi avez-vous quitté Polydor pour aller chez CBS ? Parce qu'après les deux grosses ventes : Comédiens et La mamma, ça marchait moins bien pour vous ?
    Nous avons été chez CBS car SOUPLET lançait la marque en France. Avec Joe DASSIN, nous avons été les premiers à signer chez eux.
    P : Dans les années 70, vous chantez MOUSTAKI en même temps que Neil DIAMOND...
    J'adorais ce titre de Neil DIAMOND : "Avant l'aube". Mon fils Michel en avait signé l'adaptation. C'est un de mes disques préférés. Je pense que c'est un de nos grands disques. J'en suis très fier, même si ce n'est pas celui qui a eu le plus de succès (rires). Tout n'a pas marché dans notre carrière. On a aussi fait des bides (sourire)...
    P : Vous passez d'ailleurs de CBS à un petit label : SPOT/SONOPRESSE en 1973. C'est là que vous enregistrez en 1975 une chanson nostalgique, un hommage à PIAF : "La grande dame"...
    C'est aussi une chanson de mon fils.
    P : Jusqu'à quand pensez-vous que les Compagnons ont été dans le coup. Regardant vers l'avenir et pas vers le passé ?
    On n'a jamais essayé de suivre la mode, on a toujours enregistré ce qui nous plaisait. Donc, je ne sais pas quand on a été dépassé...
    P : Les directeurs artistiques successifs ont-ils dirigé les séances ou les Compagnons enregistraient-ils comme ils l'entendaient ?
    Les directeurs artistiques assistaient aux séances. Nous nous mettions d'accord avec eux pour les titres, l'orchestrateur... mais pas pour la façon de les chanter... C'étaient souvent plus des amis que des directeurs artistiques, notamment Jean BERTOLA, le mari de Danielle HEYMANN, la journaliste du Monde. Jean était aussi un ami d'AZNAVOUR et il s'est occupé de nous quand nous étions chez Philips, de 1979 à 1982.
    P : Quels ont été les meilleurs arrangeurs pour les Compagnons ?
    Le premier LIEBARD, bien sûr. Ensuite, BROUSSOLLE. Nino NARDINI n'a pas été le meilleur mais il a fait du bon travail. Et puis, plus tard, GASTON.
    P : Préfériez-vous un arrangeur interne comme BROUSSOLLE ou GASTON ou externe comme NARDINI ?
    Comme c'était de l'artisanat, on préférait faire ça entre nous.
    P : Tous les Compagnons ont-ils été enthousiastes jusqu'au bout ?
    Il y avait un enthousiasme chez certains... C'est pareil dans tous les groupes : il y a ceux qui tirent et ceux qui se font tirer... Cependant, je ne veux garder que les bons souvenirs. d'autant plus que les Compagnons étaient corrects dans le travail, toujours à l'heure pour les répétitions et, évidemment, les spectacles. Le succès nous obligeait à avoir un certain standing. Les jours où ça décrochait un petit peu, il y avait une grosse gueulante, souvent de ma part, car j'étais un emmerdeur, un passionné. C'est d'ailleurs moi qui rencontrais les auteurs de chanson, qui répondais aux questions des journalistes...
    P : Il n'y avait pourtant pas de chef ? 
    Non, pas de chef mais neuf indiens comme un Canadien nous l'avait dit en arrivant là-bas.
    P : La fin des Compagnons, en 1985, a-t-elle été une libération pour vous ?
    Au début, oui. Je me suis dit, je vais pouvoir enfin arrêter de chanter tout le temps, peindre et jouer au golf... Six mois après, j'étais tellement mauvais au golf, que je commençais une carrière solo dans la chanson (sourire).
    P : Combien de disques avez-vous enregistré en solo ? 
    Trois dont un que j'ai produit moi-même et qui n'a pas marché puis un produit par Harry WILLIAM avec les succès des Compagnons dont je ne suis pas très content. 
    P : Comment avez-vous occupé les années quatre-vingt-dix et deux mille ? 

    J'ai fait beaucoup d'expos photos car depuis que j'ai acheté dans les années quarante un Leica à New-York avec AZNAVOUR, j'ai fait beaucoup de clichés. De beaucoup d'artistes : BRASSENS avec un casque de scaphandrier sur la tête, d'AZNAVOUR en Grèce, de SALVADORE DALI, de MARLENE DIETRICH... Un jour, la Fondation Nationale de la Photographie, qui est installée au palais Lumière à Lyon, a voulu monter une expo avec mes photos et celles de mes copains Paul TOURENNE des FRERES JACQUES et Pierre JAMET des QUATRE BARBUS qui nous a quittés aujourd'hui. Cela fait maintenant quinze ans que cette expo de 90 photos, 30 par photographe, tourne avec celles de DOISNEAU, CARTIER-BRESSON... En ce moment, notre expo est à Saint-Malo. A ce propos, j'aimerais publier un album avec mes meilleures photos.
    P : Combien ont écrit leurs biographies hormis Hubert LANCELOT et, récemment Marc HERRAND ?
    ... Je ne suis pas d'accord avec ce qu'Hubert a raconté dans son livre.
    P : Vous avez connu votre femme Suzanne au Québec en 1948. Depuis, vous êtes avec elle. Tous les Compagnons ont été aussi fidèles ?
    Rires
    P : Vous évoquez dans le livre les maîtresses de Jean-Louis JAUBERT. Après PIAF, il aurait eu Kim NOVAK et Madeleine ROBINSON ?
    Oui, les Compagnons étaient des séducteurs. Le jour de l'enterrement de Guy BOURGUIGNON, on a vu beaucoup de veuves cachées derrière les arbres du cimetière...
    P : Les femmes des Compagnons s'entendaient-elles entre elles ?
    Très bien, malgré ce que PIAF nous avait prédit. Il y a eu très peu de prises de bec, et juste quelques crises de larmes aux Etats Unis car les tournées étaient longues et fatigantes.
    P : Leur voyage était toujours payé ?
    Il ne l'était jamais par le producteur. Le Compagnon qui emmenait sa femme lui payait son billet. D'ailleurs, ces dernières ne venaient que pour les grands voyages, quand nous allions dans un pays qu'elles ne connaissaient pas.
    P : tous les Compagnons ont été mariés et ont eu des enfants ?
    Oui, tous ont été mariés ou en ménage, et tous ont eu des enfants.
    P : Que sont devenus les vôtres : Michel né en 1950 et Laurence née en 1962 ?
    Michel, après avoir écrit des textes pour nous a chanté. Il a même fait la première partie de BRASSENS à Bobino pendant un mois. Aujourd'hui, il fait du doublage télé et cinéma car il est bilingue et marié à une Anglaise. Il double en anglais comme en français, comme le faisait sa mère qui a doublé dans sa vie toutes les actrices françaises en "o" : BARDOT, MOREAU, GIRARDOT (sourire). Mon fils a eu trois enfants, notamment une fille qui est dans une école d'art à Sèvres, et un garçon qui est dans les vingt meilleurs jeunes golfeurs français. Quant à ma fille, elle a râté son truc, car c'était aussi une bonne chanteuse. Elle a préféré la passion du cheval et elle est devenue monitrice. Ma fille a eu deux filles dont une de 17 ans qui est passionnée de chanson mais qui ne chante pas très juste et une autre de 14 qui devrait faire quelque chose d'extraordinaire, même si elle est fantasque.
    P : Dans le livre, vous évoquez l'homosexualité de TRENET et de LE LURON... Cela n'a touché aucun Compagnon ?

    Non, sauf, peut-être, deux Compagnons qui ne sont pas restés longtemps, notamment un parmi les Compagnons de la Musique à Lyon qu'on trouvait efféminé... Quant à l'histoire sur les relations de TRENET, avant de l'écrire, j'ai demandé à AZNAVOUR si je pouvais le faire. En plus, ce n'est pas méchant. j'admirais beaucoup TRENET et Thierry LE LURON était mon pote. je vais vous faire rire, mais j'ai dû attendre d'arriver à Paris et que Réda CAIRE me passe la main dans les cheveux pour qu'on m'explique ce qu'était l'homosexualité !
    P : Envisagez-vous un gala exceptionnel où les Compagnons se reformeraient pour un soir ? 
    J'ai vraiment envie de chanter car, avec le temps, je fais de moins en moins de galas, même si je me produis encore dans des salles importantes comme, il n'y a pas si longtemps, le Zénith de Montpellier. J'aimerais aussi refaire des disques et même une salle à Paris mais pas n'importe quoi. Je sais ce que je veux mais ce ne serait pas avec les Compagnons. Il n'en est pas question. Les Compagnons, je n'y touche plus, ils sont sur une étagère (!!!).
    P : Les FRERES JACQUES ont pourtant fait un retour dans les années quatre-vingt-dix ?
    Oui, mais chez nous, il en manque cinq sur neuf : CALVET, BROUSSOLLE, BOURGUIGNON, LANCELOT, FRACHON...
    P : Certains comme Marc HERRAND pourraient revenir pour l'occasion ?
    Non, non... Je n'ai pas envie de reformer un groupe de vieux... Moi, je suis vieux aussi, mais, seul sur scène, je ne le vois pas.

     

    Ces propos ont été recueillis le 8 Novembre 2006.

    « Lyon... Les principaux animateurs des sites étaient là !La chorale lyonnaise des Bayard, un enchantement ! »

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  • Commentaires

    1
    Jean CHARRAS
    Jeudi 10 Mars 2016 à 10:16

    Merci Louis . Cela nous ramène quelques années en arrière ! Si tous les Compagnons n'avaient pas une voix exceptionnelle et pure comme celle de Fred , ils se dégageait du choeur un son harmonique , une alchimie , jamais égalés . Certains arrangements ont également contribué au succès des Compagnons - je pense notamment à l'arrangement de NARDINI de " Je t'appartiens " où le ténor du choeur monte au zénith jusqu' à faire dresser les poils sur les bras ! Et puis bien sûr aux arrangements de Marc  :   Les Trois Cloches , Le Prisonnier de la Tour entre autres .

     

     

    2
    Jeudi 10 Mars 2016 à 10:23

    Ca y est, ton commentaire apparaît bien Jean ! Merci ! Toutes mes amitiés

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