• En 1962... Philippe Bouvard écrivait...

    Tout en les rangeant dans une sorte de franc-maçonnerie amicale, Philippe BOUVARD, qui n'était pas encore à l'époque une "grosse tête", avait publié un article assez élogieux sur les COMPAGNONS DE LA CHANSON que nous vous proposons de redécouvrir ci-dessous. Vraiment intéressant !


    1962... Philippe Bouvard écrivait...« Ce soir sur la scène de Bobino, lorsque les Compagnons de la Chanson apparaîtront, ce sera plus qu'une banale première ! En fait, ils fêteront simultanément le vingtième anniversaire de leur association et leurs noces de bronze avec le succès. Encore qu'ils reconnaissent volontiers, maintenant qu'ils ont accédé au vedettariat international, que les cinq premières années de leur union furent plutôt matériellement difficiles.

    Ils sont donc neuf, issus des Compagnons de France ; mais cette équipe, sur scène parfaitement homogène, se compose en réalité dans la vie d'individualistes forcenés. Chacun possède au sein de la collectivité sa fonction propre. Chacun est également soucieux de son ancienneté. Ce qui est le plus étrange, c'est que ces neuf garçons ne sont liés entre eux par aucun contrat. Les garanties de l'association ne résident que dans des conventions morales. En seize ans, on a enregistré que trois départs, tous volontaires : Paul Buissonneau a profité d'une tournée au Canada pour se fixer à Montréal et y fonder un foyer. Marc Herrand a quitté le groupe pour se consacrer aux doubles fonctions de mari et de chef d'orchestre auprès d'Yvette Giraud. Quant à Jean Albert, appelé communément "le petit rouquin" il a repris sa liberté récemment afin de tenter sa chance en solitaire. En vingt ans donc, on n'a enregistré aucune expulsion. Cet ensemble vocal devrait avoir pour emblème un accord parfait et pour devise cette remarque de Jean-Louis Jaubert : Le principal avantage d'un groupe comme le nôtre, c'est qu'il est difficile de se tromper à neuf simultanément !
    Les décisions intéressant la communauté sont prises après délibération. On vote très simplement. Et comme dans toutes les assemblées démocratiques du monde, c'est la majorité qui l'emporte. Dès qu'un compagnon est admis, il est "intégré". Il peut profiter à son tour d'une franc-maçonnerie amicale. Ainsi, un des derniers venus : Jean Broussolle, a-t-il été victime d'un grave accident quelques jours après son admission. Durant ses six mois d'hospitalisation, on lui a versé ponctuellement chaque soir son cachet. On m'a assuré que cet usage n'était pas si courant dans la jungle du spectacle.
    Si les Compagnons ne se prennent pas pour la Comédie Française de la Chanson, en revanche ils utilisent pour leurs répartitions financières le système de l'échelle mobile. Avec pour critère essentiel l'ancienneté. Par exemple, Fred Mella est plus ancien de deux jours que Guy Bourguignon : il subsiste toujours entre les deux compères une différence de quelques dizaines d'anciens francs. La notion d'ancienneté joue également quand il s'agit - en tournée - d'octroyer les meilleures places de wagon-lit ou de bateau.

    Les rites propres aux Compagnons sont réduits au minimum. Aucune contrainte n'existe et en dehors des répétitions et des représentations ils se voient assez peu. La seule réunion à laquelle ils tiennent vraiment, c'est « le dîner en province » qui suit un récital donné dans une grande ville et qu'ils transforment, de leur propre aveu, en « un réveillon quotidien ».
    Apparemment, l'édifice est sans faille. Toutes les discussions sont productives. Pourtant les neuf Compagnons viennent d'horizons très opposés. Ainsi Fred Mella est-il entré dans le groupe pour échapper aux Allemands, ce qui à l'origine ne constituait pas une vocation vocale bien précise. Ce qu'ils ont révélé seulement maintenant c'est l'existence de leur « journal de bord ». Depuis vingt ans, jour après jour, Hubert Lancelot - biographe attitré du groupe - note les moindres détails de la vie en commun : maladies des uns, anecdotes des autres, accidents, changements de répertoire, idées de chanson, remarques sur le public, événements importants de la vie familiale (mariages, naissances...) : il y en a ainsi plus de mille pages qui constituent un document absolument secret. Ce n'est pas le registre de Lagrange. c'est simplement le calendrier détaillé d'une aventure basée sur le talent et l'amitié.

    Philippe BOUVARD

    « 20 juin 1990... une sacrée commémoration !La presse parlait beaucoup d'eux ! »

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