• Au bal de la chance, par Edith Piaf avec une postface de... Fred Mella

    Au bal de la chance est une réédition de la biographie d'Edith PIAF publiée en 1958 en Suisse, l'un des trois seuls ouvrages d'ailleurs, parus de son vivant. Sortie aux Editions de l'Archipel, cette réédition a été souvent épuisée, mais gageons, en prenant le risque de nous tromper, qu'il y aura d'autres rééditions, tant le livre se révèle être passionnant et passionnel...

    Comme le dit Marc ROBINE dans l'avant-propos d'un ouvrage préfacé par l'ami d'Edith, le poète Jean COCTEAU, Edith aura chanté pour son public jusqu'à l'extrême limite de ses forces avec une voix qui bouleversera longtemps le monde. Guy BEART, lui, dira d'elle que c'était une flamme qui se brûlait en éclairant les autres.

    Certes, à la lecture du livre les clichés sont multiples et certaines images ont déjà fait le tour du monde. Certaines d'entre elles ont même inspiré le septième art, mais on se plaît encore en lisant cet ouvrage, à imaginer les choses comme si elles se déroulaient là, à deux pas sans forcément avoir le besoin de les magnifier...

    La grand-mère Aïcha habitant un taudis dans le XXème d'un Paris oublié où les hauts de Belleville n'étaient pas encore devenus la proie des affairistes... La première représentation chez LEPLEE au GERNY'S avec un pull auquel il manquait une manche... les applaudissements et les félicitations de Momo CHEVALIER, l'autre titi de Ménilmontant. Maurice dira d'elle que c'était un petit champion poids coq, se dépensant maladivement. Elle ne semblait pas plus économiser ses forces que ses gains... Puis, le premier gala, un 17 février... 1936, une tournée sur la Côte d'Azur, la mort de Louis LEPLEE son premier bienfaiteur... la collaboration avec Raymond ASSO et le premier ABC chez Mitty GOLDIN, boulevard Poissonnière ! Sans oublier la déception des Américains au Play House Theater lors de la tournée d'Octobre 1947 entreprise avec les COMPAGNONS de la CHANSON, quant à une tenue qui n'avait rien de ce qui aurait pu représenter la Parisienne qu'ils s'attendaient à recevoir chez eux. N'était-elle pas aux antipodes de celle d'une femme élégante surmontée d'un chapeau à plumes et affublée d'une robe à traîne ?

    On s'en serait douté, et elle nous le confirme, pour Edith, manquer d'argent c'était ennuyeux mais pas grave. Ce qui l'était davantage, c'était de ne plus avoir le goût de vivre ! En tout cas, ce qui est sûr, c'est que, soucieuse de réussir comme interprète dans la chanson, elle aura travaillé, travaillé et encore travaillé ! En étant elle-même et seulement qu'elle-même ! Une conviction qu'elle essaiera de partager avec tous ceux qu'elle a aidés dans leur ascension.

    Nous le soulignions dans notre premier article voici déjà quelques années, AU BAL DE LA CHANCE est un livre où la passion n'est pas absente. On la sent, palpable, à chaque page, avec pourtant un regret, celui de n'avoir pas été les témoins privilégiés de telles scènes, ni d'avoir assisté à de telles envolées ou d'avoir pu entendre une voix hors du commun. Celle d'un être capable d'autant de générosité qui, près d'un demi-siècle après sa disparition, continue à nous hanter. Cela s'est confirmé depuis, en dehors de Georges BRASSENS et de Jacques BREL, aucun autre artiste n'aura fait l'objet d'autant d'ouvrages qu'Edith PIAF. Proches, moins proches, admirateurs... nombreux sont ceux qui auront raconté, parfois même en les enjolivant ou même, aussi, en les caricaturant, quels ont été les moments forts de l'existence de notre GRANDE DAME. Edith, elle, pour évoquer ceux dont elle se souvenait, s'est fait aider en faisant appel à Louis-René DANVEN, un journaliste spécialisé dans les milieux du cirque.

    L'avantage de cette réédition agrémentée de photographies soigneusement traitées, c'est qu'elle permet aussi à Marc ROBINE, en historiographe averti, de revenir à chaque page sur chacun des points qui ont été évoqués par les uns et par les autres dans leurs ouvrages respectifs. On choisira donc de se moquer du côté pathétique de ce qui est révélé pour ne retenir que ce qui ressemblait vraiment à Edith par l'idée que l'on en avait. Car et ROBINE le souligne, au-delà des extravagances de ce qui est conté, il reste le personnage. Quelqu'un qui a également souvent été manipulé et dont on s'est servi, abusant de sa générosité. Bien entendu et c'est aussi ce qui nous amène à revenir sur cet ouvrage, nos amis les COMPAGNONS de la CHANSON n'y sont pas absents ! Edith évoque leur rencontre en 1944 à Paris au Gala des Cheminots, puis leur tournée américaine qui, on l'a dit précédemment, a d'abord été à mille lieues de correspondre, du moins pour elle, à ce que les Américains en attendaient et attendaient d'une Parisienne censée représenter l'élégance parisienne... Ils sont d'ailleurs d'autant moins absents que Fred MELLA y consacre une postface. Bien avant que paraissent ses Maîtres enchanteurs, il évoquait dans son ouvrage le personnage tel qu'il est resté pour lui avec une maison boulevard Lannes pleine de beaux talents, jeunes, joyeux, chaleureux. Et surtout, disait-il, il y avait sa présence et quelle présence, avec ce magnétisme !...

    Il y a de fortes chances que les initiatives des uns et des autres n'en restent pas là en termes de publication de ce qu'aura été le mythe PIAF. Surtout après le succès américain du film oscarisé en 2009 et une clientèle qui s'élargit au fil des années ! Comme s'il était écrit qu'avec le temps, on ne puisse finalement oublier ceux qui ont marqué de leur empreinte la Chanson française ! Et tant mieux !

    Louis PETRIAC

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