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"Il était maigre à faire tourner une mayonnaise !"
C'était incontestablement le temps de la disette et des vaches maigres ! On sortait d'un conflit épouvantable et l'énergie employée par tous les jeunes n'était pas toujours couverte par une alimentation très riche et très abondante. Dans sa ROUTE ENCHANTEE écrite avec Yvette GIRAUD, Marc HERRAND le dit : il n'y eut jamais, pendant ces années de restrictions, aussi peu d'ulcères à l'estomac, de cas d'obésité, de toutes ces maladies provoquées par une alimentation trop riche. On a du mal à imaginer aujourd'hui la force morale qu'il a fallu à tous ces jeunes gens pour continuer à s'acquitter de leur labeur, trouver sans arrêt une inspiration salutaire, sans pour autant bénéficier d'une indispensable nourriture saine et abondante ! A la Villa du Point du Jour lyonnaise précise Marc, l'économe et le responsable de la cuisine avaient beau réaliser des prouesses pour nourrir tout ce petit monde, il n'en restait pas moins qu'ils devaient souvent se contenter les uns et les autres de tous ces légumes qui étaient appréciés des fins gourmets porcins dans les porcheries d'avant-guerre : les rutabagas et les topinambours ! Longtemps confrontés aux cartes d'alimentation et à la pénurie d'après-guerre, les futurs COMPAGNONS de la CHANSON devront attendre leur retour de tournée américaine en 1948 pour commencer à se nourrir convenablement. Comme le souligne Marc dans son ouvrage à quatre mains, lorsqu'ils se trouvaient encore à Lyon, ils avaient beau se démener pour tenter, de temps à autre, d'obtenir un peu plus que ce qui leur était promis, c'était dur. Et s'il leur arrivait d'accepter de décharger un convoi de pommes de terre destiné à l'Allemagne, c'était loin d'être Byzance !
La photo de Guy BOURGUIGNON (ci-dessus) prise un peu plus tard à Ville-d'Avray à l'automne 1945, donne une singulière idée de la façon dont tous les futurs Compagnons encore COMPAGNONS DE LA MUSIQUE ont traversé cette époque de restrictions malgré une activité de plus en plus débordante et des représentations qui les menaient aux quatre coins de la région parisienne ! Pour Mimi LANCELOT, qui sera occupée à ce moment-là à leurs côtés, avec le cadet Gérard SABBAT, à poncer et à récurer l'ancienne demeure du peintre COROT à Ville-d'Avray, ils"étaient tous maigres comme des clous", Hubert le premier ! Une demeure qui était loin d'être résidentielle puisque abandonnée depuis de nombreux mois au moment de leur emménagement. Ce que nous a rapporté Gérard MEYER* récemment. Encore que Guy, comme le souligne l'un de ses anciens camarades de JEUNESSE ET MONTAGNE, était lui, au plan du régime et des excès, "maigre à faire tourner une mayonnaise". On appréciera le qualificatif !
* Fils de Maurice MEYER qui succédera à Louis LIEBARD à la tête des COMPAGNONS DE LA MUSIQUE en 1948.
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