-
A la conquête du nouveau monde... l'histoire belge un peu décalée du mois
Les "Good Companions" à New-York. Ils n'étaient pas encore devenus les "Champignons de la Chanson" si chers à Ed Sullivan
Propos extraits d'un média belge qui a été mis gracieusement à notre disposition par notre ami Gilbert DONCQ de Bruxelles. Gilbert qui avait créé la première association d'admirateurs belges des COMPAGNONS DE LA CHANSON au début des années soixante.
Ils passaient dans la même salle qu'Edith, évidemment (1). Et, évidemment, celle-ci se tailla le succès qu'elle était habituée à rencontrer partout et toujours. Mais là où nos Compagnons n'en crurent pas leurs oreilles, c'est lorsque retentirent en rafales crépitantes et prolongées les applaudissements qui leur étaient destinés. New York, en deux mots comme en cent, leur faisait un triomphe. Après cela, il était naturel que le centre et l'ouest du Continent les réclament avec la grande Edith. les contrats pleuvaient : Chicago, Las Vegas, Reno, Hollywood. C'est à Las Vegas que se situe une des grandes dates de la formation. Ils ne chantèrent qu'à huit. L'un d'eux, en effet, s'étant cassé le genou à la suite d'une chute de cheval ne put se déplacer (2). Jusqu'à présent, même avec 40° de fièvre, aussi pantelant et aphone soit-il, aucun Compagnon n'avait jamais déclaré forfait. Même si le son ne sort pas, la présence y est et c'est déjà cela pour un ensemble qui se réclame autant de l'ouïe que de la vue, chaque chanson étant une petite comédie en raccourci. Et ce n'est certainement pas l'intérêt qui le guide, puisque, même absent, le malade touchera toujours sa part de cachet, mais seulement ce qu'ils appellent avec un rien de forfanterie "l'esprit Compagnon". Et pourtant même à huit, pour en revenir à Las Vegas, ils eurent du succès comme neuf. Edith Piaf, estimant alors à juste titre qu'ils n'avaient plus rien à apprendre mutuellement, laissa ses anges voler de leurs propres ailes sur l'aile du succès. Et elle rentra seule à Paris (3).
Pendant ce temps, nos Compagnons, tout heureux de vivre et de chanter, continuaient gaillardement leur fructueux petit bonhomme de chemin. Et, après sept mois d'exil outre-Atlantique, ils revenaient tout chargés d'honneurs dans notre bonne capitale. Pour apprendre que leur merveilleux voyage serait resté dans le domaine des chimères si leur Edith ne s'était battue pour les emmener. L'impresario qui lui avait proposé la grande tournée d'outre-Atlantique n'avait pas envisagé un instant, mais pas un seul, de faire venir une cohorte avec "la Piaf". Mais celle-ci l'avait placé devant un dilemme très simple : "Ou bien les Compagnons viennent avec moi ou, je ne bouge pas...". L'impresario avait choisi le premier terme : il savait bien que, lorsqu'Edith Piaf avait une idée en tête, même la perspective d'un succès made in USA ne pouvait l'en faire démordre. Tout cela, à l'insu des Compagnons. Pouvaient-ils rêver amitié plus discrète, plus efficace ?
(1) Le Playhouse theater en octobre 1947 où, contrairement à ce qui est écrit ici, elle se prit un de ces camouflets ! Avant de rebondir quelques jours plus tard au cabaret Le Versailles.
(2) En mars 1952, pour être tout à fait précis, juste après le départ de Marc Herrand.
(3) En fait, comme on dit très souvent aujourd'hui, cela faisait déjà quatre ans (1948) qu'Edith avait laissé ses anges...
Tags : edith, companions, moi, succes, cela
-
Commentaires