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Hommage à l'homme qui ne renonce jamais...
Passant, s'il t'arrive, par un beau matin, de flâner autour du vieux marché de La Rochelle, il se peut que tu aies la chance de croiser un grand gaillard, en pleine force de l'âge, portant élégamment ce qui est un signe prémonitoire : chemise blanche, pantalon bleu et sacoche en bandoulière. Si tu es saisi par sa ressemblance avec Pierre Perret et si tu l'entends siffloter le refrain d'une chanson des Compagnons de la Chanson, il n'y a aucun doute possible, tu es en présence de l'ami Bruno. Et si, parvenu à proximité, tu évoques distinctement le nom des Compagnons, il m'étonnerait d'ailleurs fort que notre personnage reste insensible à tes propos !
Outre le fait qu'il soit un heureux père de famille, Bruno présente la particularité d'être, tout à la fois, passionné de courses cyclistes, de chanson française et "fan absolu" des Compagnons de la Chanson. Paradoxalement, bien que les Compagnons si chers à son coeur se soient produits à de très nombreuses reprises dans sa bonne ville de La Rochelle, Bruno n'a jamais eu l'occasion de les voir évoluer sur scène ! Très jeune, il est tombé dans le "chaudron" ou plus exactement en extase en les découvrant lors de leurs passages sur le petit écran. Lorsque les Compagnons étaient au programme d'un "Midi trente" ou d'un "Midi Première" de Danièle Gilbert, il ne traînait d'ailleurs pas sur le chemin des écoliers au sortir de la classe de façon à ne pas rater une seule seconde de l'émission. Rapidement installé devant le téléviseur, il était fasciné par ses idoles et il se souvient parfaitement des magnifiques costumes bigarrés et des énormes noeuds papillon arborés à l'époque par les Compagons. Combien de fois a-t-il rêvé en contemplant les superbes pochettes de disque de ses artistes préférés ? Par la suite, tous les prétextes lui seront bons pour obliger ses proches à écouter une chanson des Compagnons. Ainsi, lorsqu'il terminait victorieux de mémorables et fraternelles parties d'échec, il infligeait au perdant le gage d'écouter à plusieurs reprises un même titre du groupe ! Je le soupçonnerais fortement d'avoir usé de quelque tricherie bon enfant pour arriver à ses fins !
Voici quelques années, je suis entré dans le cercle privilégié des amis de Bruno par l'entremise d'un petit courrier glissé fortuitement dans sa boîte aux lettres. le bougre s'en rappelle encore ! Son retour de courrier, instantané et enthousiaste, m'a immédiatement donné la certitude de tenir là un coéquipier sûr et fidèle. A cet instant, je n'étais plus seul dans mon petit coin de la banlieue bordelaise à me démener pour tenter de sortir de l'oubli mes chers Compagnons. Je tenais là un vrai partenaire. Mais j'étais bien loin de me douter que grâce à son dynamisme communicatif, son formidable abattage et un engagement de chaque instant, nous allions avec l'appui de quelques autres valeureux éléments venus successivement se greffer à notre duo de base, fédérer autant de fidèles admirateurs du groupe. Car Bruno est à la fois Bayard et Zorro ! C'est un chevalier des temps modernes qui pourfend sans cesse l'ennemi. Et malheur à l'éditeur, au journaliste, au présentateur, au réalisateur ou au producteur qui tombe dans ses griffes. Il ne le lâchera pas tant qu'il n'aura pas obtenu l'information qu'il souhaite ou le document qu'il désire. Soyez prévenus, tout ce qui touche de près ou de loin aux Compagnons l'intéresse ! Tombe la pluie, tombe la nuit, passe le vent... dans sa longue marche, rien ne l'arrête. Certes, notre preux chevalier a délaissé la vaillante épée traditionnelle pour des armes plus pacifiques. Il faut le voir manier avec audace et dextérité tous les moyens de communication dont il dispose : courrier traditionnel ou électronique, téléphone fixe ou portable, internet... tous les moyens lui sont bons pour traquer la piste Compagnons. Sous sa calme apparence, un redoutable battant sommeille. Lorsqu'il disputait les courses cyclistes de la région, j'ai la conviction que notre champion n'était pour rien au monde un "suceur de roues". Je l'imaginerai plutôt se dresser sur les pédales et attaquant, fatigué de voir le peloton s'observer, en se dressant sur les "manivelles". Surpris par la puissance du démarrage, il ne devait plus rester aux autres qu'à s'aplatir sur leur machine pour tenter de rester dans son sillage.
Si notre "d'Artagnan" possède sa garde rapprochée sur laquelle il sait pouvoir compter en cas de nécessité, il est présent sur tous les fronts. Rien ne le rebute, il aide, explique, conseille, suggère, organise, délègue, dirige. En matière Compagnons, il est devenu une référence, la référence incontournable ! Véritable fer de lance du mouvement, si nous sommes les uns et les autres sur le point de réussir notre petite révolution pacifique, nous devons à coup sûr une fière chandelle au citoyen Bruno ! Et si, petit à petit, nos chers Compagnons retrouvent la notoriété et le rang qui leur est dû, s'ils laissent une trace indélébile dans la grande histoire de la Chanson Française, ils le devront en premier lieu à leur immense talent mais aussi pour une bonne partie à l'activité débordante de Bruno et de ses complices. Je me devais de le souligner. A Bruno, notre ami pour toujours.
Jean-Pierre CASTAING, Blanquefort (33)
Tags : compagons, bruno, chanson, petit, tombe
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