• Je vous ai souvent demandé votre aide pour que la copie rendue soit la meilleure possible et qu'il n'y subsiste pas d'erreurs. Car l'objectif de ce site est de transmettre une trace de ce qui aura été l'une des plus belles pages de la Chanson française et il se doit d'être précis et le plus rigoureux possible dans ce que nous affirmons... Nous avons d'ailleurs fort à faire pour corriger les nombreuses inexactitudes qui ont été laissées par d'autres enquêteurs ! Certaines qui persistent encore aujourd'hui induisent d'ailleurs en erreur beaucoup de ceux qui, croyant s'appuyer sur des données exactes, ignorent que celles-ci sont souvent truffées d'approximations ou de contre-vérités.
    Ainsi en est-il de la formation du groupe qui servira en février 1946 à la création des COMPAGNONS DE LA CHANSON...
    Elle a valu à la Municipalité lyonnaise de concevoir en juin 1990 une plaque commémorative (photo ci-dessous) apposée sur l'entrée du 10 chemin de Champvert (devenu aujourd'hui rue de Champvert) dont les données sont doublement erronées. Premièrement, en occultant la notion de COMPAGNONS DE LA MUSIQUE (le pauvre Monsieur LIEBARD a dû bondir à l'époque) qui restera pour ceux qui apprécient le chant choral l'une des plus grandes réussites de cette époque et, deuxièmement, en affirmant que les COMPAGNONS DE LA CHANSON "ont pris naissance... au Printemps 1942" !... Que nenni ! Et l'ouvrage que nous allons publier y revient longuement au terme d'un long et patient travail d'enquête mené par Jean-Jacques BLANC.

    Cette donnée du Printemps 1942 est du reste reprise dans maints et maints articles de presse souvent commis dans l'urgence. Et je ne saurais dire le nombre de fois où elle est apparue, et même sous la plume de chroniqueurs réputés être des plus sérieux ! Et bien avant que la plaque ne soit apposée rue de Champvert ! En dehors d'une représentation donnée le 28 déc. 1941, s'appuie-t-on sur le fait que la quasi intégralité des premières représentations de la bande à LIEBARD aient été données en 1942 ?... Là est la question. Il en est de même à propos des conditions qui ont été à l'origine de la création du groupe. Certains vont même jusqu'à affirmer que nos neuf garçons, dont faisait déjà partie René MELLA, se seraient connus pendant la guerre, en zone libre et dans un camp de réfugiés. Dommage qu'on en ait pas fait une version pour Hollywood avec Blanche Neige et neuf Nains ! Ce serait presque à se demander si Jean ALBERT n'aurait pas chanté en duo avec FREHEL ni, si Marc HERRAND...  

    De la même façon, on s'est efforcé de convaincre qu'il existait au sein des COMPAGNONS DE LA MUSIQUE dont on a si mal parlé, un ordre d'arrivée, que cet ordre-là, il était acquis une fois pour toutes et qu'on y revenait pas. Jean-Jacques BLANC a pris le risque d'y revenir évoquant l'arrivée au sein du groupe de Guy BOURGUIGNON dont beaucoup continuent de penser qu'elle était antérieure à celle de Fred MELLA ! Pourtant, là encore, et les preuves sont là qui l'attestent, Guy a bien intégré les COMPAGNONS DE LA MUSIQUE... un jour après Fred !

    Quant à différencier COMPAGNONS de la MUSIQUE de COMPAGNONS de FRANCE, alors là, ne demandons pas l'impossible ! Nous avons même lu quelque part que les premiers, créés fin 1941 (c'était pourtant bien parti) étaient ensuite devenus COMPAGNONS de FRANCE !... La vérité, et vous le verrez là encore dans l'ouvrage de Jean-Jacques BLANC, est bien plus simple ! Seulement il convenait de chercher un peu et surtout, surtout de se donner les moyens de recouper chaque information.

    Promis, et nous espérons intéresser ceux qui sont attachés à tous ces travaux de recherche, nous aurons l'occasion de revenir sur bien d'autres données tout aussi fantaisistes. Et aussi de donner la parole à ceux qui, jusqu'ici, n'ont guère fait valoir leur point de vue. Roger MANSUY, l'ancien Trésorier des COMPAGNONS de la MUSIQUE en fait partie et il a une vision assez intéressante de beaucoup de choses qui méritait bien quelques pages de postface dans l'ouvrage de Jean-Jacques BLANC.

    Louis PETRIAC


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  • L'interview avait été signé par M. ARGOUD et J-J BROUSSE en janvier 1983 au terme d'une enquête réalisée par Y. GUGLIELMO, juste au moment où les COMPAGNONS  de la CHANSON s'apprêtaient à faire leurs adieux à l'Olympia et par l'un de ceux qui s'étaient toujours montré parmi les plus discrets du groupe : Jo FRACHON.
    Comme le souligne Jo (1), à nos débuts, nous étions loin d'être riches et nous avions loué un petit appartement à Paris. Nous vivions tous les neuf dans cinq pièces à deux par chambre. Nuit et jour, nous étions les uns sur les autres. On s'amusait, bien sûr, mais aussi et surtout on s'engueulait. On en arrivait même à faire le coup de poing comme des chiffonniers. Tenez, à cette époque, chacun d'entre nous a donné plusieurs fois sa démission. Et pourtant, on revenait à chaque fois sans un mot d'excuse. Tout cela dans une ambiance qui faisait plus penser à une chambrée militaire qu'à un groupe de copains unis à la vie à la mort.
    Quelqu'un a dit que la seule façon de vivre longtemps ensemble, c'est de rester séparés. Jamais ensemble à se déplacer pour être sûrs d'arriver, ponctuels, aux rendez-vous ! Une recette qui a toujours été mise en pratique par les COMPAGNONS ! Guy BOURGUIGNON, disparu en déc. 1969 avait coutume de dire à propos de leur ensemble : "Les COMPAGNONS, si je ne devais pas les voir demain matin, je serais ravi... Demain soir, je serais désespéré. Mais, revenons aux confidences de Jo... 
    Jamais, poursuit Jo FRACHON, nous ne nous sommes serré la main ni dit bonjour ou bonsoir à l'exception de GASTON (2), qui n'avait jamais pu s'habituer. Jamais non plus, en quarante ans, nous ne nous sommes souhaité la bonne année ou une fête, ou un anniversaire. On ne s'est, non plus, jamais fait le moindre cadeau. Bref, exactement ce qu'il faut faire quand on ne tient pas à rester ensemble. Et c'est vraiment là le secret des Compagnons car à ce rythme de disputes, de désinvolture, de démissions fracassantes, le groupe aurait dû voler en éclats au bout de quelques mois. Alors qu'il a duré quarante ans !


    Comment ? Grâce à nos femmes, explique Jo FRACHON qui apparaît justement ci-contre aux côtés de la sienne, Jacqueline.
    Ce sont elles qui ont sauvé notre unité. Jamais, au grand jamais elles n'ont voulu prendre parti dans nos querelles et elles ont toujours su éviter de "nous monter la tête". Si notre première chance a été de nous rencontrer, la seconde a été de trouver huit femmes merveilleuses. Ou plutôt neuf car il y a eu neuf femmes dans leur vie et la neuvième, qu'aucun d'entre eux n'a épousée, a été pourtant le détonateur de la gloire. Il faut dire qu'elle s'appelait Edith PIAF ! Sans elle, avoue Jo, nous ne serions peut-être jamais sortis de l'ombre ! Tout de suite, elle a été subjuguée. D'abord par la voix de Fred MELLA. Eblouie, elle l'appelait "la voix d'or" et disait partout qu'une voix pareille, c'était un véritable don du ciel. Mais aussi par Jean-Louis JAUBERT dont elle était tombée follement amoureuse. Pendant notre tour de chant, elle nous attendait en tricotant dans notre loge avec une idée fixe qu'elle nous ressortait à chaque fois que nous revenions de scène : "Si vous continuez à chanter ces trucs-là (NDLR : les chansons folkloriques), vous vous casserez la gueule ! Elle voulait absolument que nous chantions plus "moderne". C'est elle qui nous a proposé : LES TROIS CLOCHES !
    A partir de là, notre vie a changé. Elle nous a tout appris : les rideaux, les éclairages, le succès. Elle a dégourdi nos jeunes âmes. Elle nous disait : "attention là, ça fait patronage. Là ça fait professionnel". Nous avons fait une tournée avec elle en Europe. A l'affiche : PIAF, les COMPAGNONS DE LA CHANSON, AZNAVOUR et ROCHE. Ce n'était pas le triomphe. Souvent, il y avait beaucoup plus de monde sur la scène que dans la salle ! On se nourrissait de sandwiches, on n'avait pas un sou. Mais on vivait ensemble quatorze heures sur vingt-quatre et on arrêtait pas de rire. Il nous a fallu attendre d'être à Genève pour aller enfin dîner dans un restaurant. C'était tout de suite après la guerre. En Europe, le public connaissait encore mal Edith. Les COMPAGNONS pas du tout et ROCHE et AZNAVOUR, n'en parlons pas ! Ce fut pourtant la plus belle tournée de notre vie. Dix ans après, on riait comme des gosses quand on évoquait ce temps des vaches maigres. C'est Edith qui nous a fait engager aux Etats-Unis. On a fait un triomphe. Et pourtant, cela ne pouvait pas durer toujours. Tout le monde a cru que notre séparation avait été un drame. Au contraire. En se séparant, PIAF nous a donné l'une de nos plus grandes joies en nous disant : "Vous êtes des grands garçons maintenant, on va travailler chacun de notre côté". On a continué à se voir longtemps, très longtemps. Quand elle est morte, c'est un peu de lui-même que le groupe a perdu. Elle nous avait tant donnés ! Son enterrement au Père-Lachaise est peut-être un des pires souvenirs de toute notre existence.
    Jamais,
    nous indique Jo, il n'y a eu de patron chez les COMPAGNONS. Tout a toujours été décidé à la majorité. Nous avons du reste toujours voté pour tout : pour choisir les costumes de scène, la couleur d'une veste, une tournée, une chanson, pour signer un contrat.

    Lorsqu'il a été demandé à Jo d'aborder l'intervention chirurgicale subie par Fred MELLA en mai 1982, il nous a confiés que : Quand ils ont appris qu'il fallait l'opérer, ils ont revécu le drame de la mort de Guy BOURGUIGNON. Nous n'osions pas en parler ni évoquer la gravité de son mal. Nous n'osions même pas penser que nous risquions de le perdre. Pendant toute sa maladie, nous avons vécu dans l'angoisse et quand on a su qu'il était sauvé, ça a été l'un des plus beaux jours de notre vie. Et, quand quelques mois plus tard, nous nous sommes retrouvés de nouveau ensemble sur scène, nous étions comme des gamins qui redécouvraient la vie, l'amitié, la joie, le succès. Nous avions vingt ans.

    (1) Il semblerait, mais on ne peut guère lui en vouloir devant autant de souvenirs, que le fameux appartement évoqué par Jo soit celui du boulevard Magenta loué à l'été 1944, à un moment où, selon nos autres sources, il ne faisait pas encore partie de la bande. Il ne l'intégrera qu'au début de l'année 1945. Rappelons que les Compagnons de la Musique, et Jean-Jacques BLANC y revient dans son ouvrage à paraître, ont à la sortie de cette location regagné Lyon pour y faire leur service armé au sein du Théâtre aux Armées avant, fin 1945, d'occuper la maison du peintre COROT à Ville-d'Avray jusqu'en Février 1946. Ils rejoindront ensuite la rue de l'Université dans le VIIème arr. de Paris où grâce aux parents de Jo, les COMPAGNONS bénéficeront pendant quelques années d'un lieu privilégié pour leurs mises au point. Un appartement auquel nous avons du reste consacré un article voici quelques mois.

    (2) Dans son ouvrage GASTON raconte les Compagnons, le remplaçant de Jean Broussolle évoque à un moment donné un possible repas chez son épouse Josepha aussitôt décommandé car il n'avait pas imaginé possible que les Compagnons ne puissent jamais se retrouver ensemble chez l'un d'entre eux !


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  • Vous êtes déjà quelques-uns à avoir reçu la lettre de Jean BOEKHOLT vous annonçant, avec la restitution de votre acompte, la décision prise par notre confrère montpelliérain de renoncer au projet de publication du Répertoire des COMPAGNONS de la CHANSON. Ainsi donc, les exigences de certaines maisons d'édition musicales voire leur désinvolture et le manque flagrant d'appui dont aurait dû bénéficier les Editions de la TRAMONTANE sonnent-elles le glas des espérances que les amis des COMPAGNONS entretenaient à propos de la sortie de ce Répertoire. Et cela une quinzaine d'années après la publication de celui des FRERES JACQUES à une époque certes différente où, comme le souligne Jean, il régnait un climat d'enthousiasme et de coopération active autour d'un projet !
    Ce manque flagrant d'appui va jusqu'au nombre de souscriptions comptabilisées puisque Jean n'avait réuni que cent trente-cinq demandes environ et qu'il en aurait fallu plus du double pour pouvoir donner une suite aux prétentions des ayants-droit détenteurs des droits des chansons que les Editions de la TRAMONTANE se proposaient de reprendre dans ce magnifique répertoire.
    Les autres raisons, notre confrère les évoque brièvement dans la lettre qui a été adressée aux souscripteurs, en parlant des sondages défavorables réalisés auprès des grands groupes de librairie français et suisses comme la FNAC, PRIVAT, le FURET du NORD qui ont avoué ne pas croire au succès lié à la commercialisation de cet ouvrage. Ce qui rendait évidemment ardu l'écoulement d'un stock créé pour répondre à une demande qui ne semblait pas se manifester avec empressement.
    Difficile donc, dans ces conditions, de se lancer dans une telle opération sachant que le coût des droits, à lui seul, proposé pour la publication des 350 titres nécessitait de réunir un véritable trésor de guerre !
    Jean BOEKHOLT qui croyait à ce projet y a englouti une folle dépense d'énergie puisque la maquette était déjà réalisée et jusqu'au bout, autour de lui, nous étions restés un certain nombre à y croire, approchant même d'autres partenaires pour l'aider à réunir ce trésor de guerre... Mais, hélas, à mon grand regret, sans obtenir là encore le moindre espoir ni parfois une seule réponse. Pourtant, chez les gens bien élevés ou présentés comme tels, une réponse à une demande, ce serait bien la moindre des choses à obtenir, non ?...

    Je ne le cache pas, l'insuccès de cette opération ne sera pas sans conséquences sur les initiatives que nous comptions mener dans la croisade entreprise depuis quelques mois pour que nos amis les COMPAGNONS retrouvent dans les médias la place qu'ils n'auraient jamais dû quitter. Et, croyez-moi, je suis le premier à le déplorer ! La réponse vous appartient maintenant vous tous qui soutenez ce site à un moment où plus que jamais, nous nous interrogeons !...

    Louis PETRIAC


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  • C’est la Genèse ! C’est le récit d’une épopée que nous devons au remarquable travail d’historien de l’ami Jean-Jacques, en collaboration avec l’ami Louis, à l’irrésistible dynamisme.
    En refermant ce livre, le lecteur aura réalisé que sans les Compagnons de la Musique, les Compagnons de la Chanson n’auraient jamais vu le jour. Aussi devons-nous une pensée reconnaissante pour tous ceux qui – toujours présents ou aujourd’hui disparus – auront apporté leur pierre à la construction de cet édifice qui a commencé en 1941. Il y a 67 ans.
    Sur un plan plus personnel, ce livre (cette Préhistoire des Compagnons de la Chanson, comme l’appellent les auteurs) est un retour dans le passé qui m’a permis de feuilleter des pages enfouies au fond de ma mémoire. Des pages qui ont fait resurgir toute une partie de ma jeunesse. La partie qui a mis définitivement sur les rails toute ma vie de musicien.
    Un proverbe japonais dit : « La perfection ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à faire des choses ordinaires de façon extraordinaire ».
    Merci Jean-Jacques, merci Louis, et merci à tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à ce livre précieux.

    Marc HERRAND 

    Nous lui avions demandé avec Jean-Jacques BLANC de bien vouloir préfacer l'ouvrage qui devrait voir le jour à l'automne et Marc HERRAND (en photo avec Yvette sur la photo ci-dessous) a une nouvelle fois répondu à notre attente avec toute la gentillesse qu'on lui connaît. Avec celui qu'ils appelaient tous "Bambino" et qui nous aura écrit ces quelques lignes, d'autres personnalités dont Jean-Louis JAUBERT (pour une relecture des éléments) et Jacques BODOIN ont également été sollicitées. Notre Mimi LANCELOT en fait partie qui a accepté de de nous prêter des photos dont certaines n'avaient pu trouver place dans le Nous les Compagnons de la Chanson d'Hubert et de répondre à bien des questions. Celles que l'on continue de se poser à propos d'une période magique dont on a pas assez parlé.
    Nous devrions pouvoir vous en dire un peu plus sur ce nouvel ouvrage dans les prochaines semaines où il va s'agir aussi de rendre hommage à tous ceux qui ont fait partie de l'aventure des COMPAGNONS de la MUSIQUE et dont on a dès le début des années cinquante perdu la trace. A Lyon tout d'abord puis ensuite ailleurs... (Ville-d'Avray par exemple). Odile MICHAL-DARODES, dont nous avions publié quelques photos en compagnie de Marc HERRAND voici quelques semaines, en fait partie. A 89 ans, la COMPAGNONNE de la MUSIQUE qu'elle était alors se souvient qu'elle avait appris à danser à de jeunes stagiaires qui avaient pour nom : Jean-Louis JAUBERT, Marc HERRAND bien sûr, Hubert LANCELOT, Jean ALBERT. Elle quittera leurs rangs en février 1943... Pour se marier ! 


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